Les brancardiers

LE DESSIN DE PRÈS

LES BRANCARDIERS

JEAN-GEORGES CORNÉLIUS, vers 1924

COLL. MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE L’OISE

Deux brancardiers sont à la peine pour transporter un grand blessé. La scène montre un instant dramatique où l’homme, dont les yeux sont bandés, semble se crisper de douleur, une main au sol, l’autre, le poing fermé, levée vers le champ de bataille, comme en signe de révolte. L’artiste a choisi de cadrer les protagonistes sans montrer véritablement la zone de combat où l’on croit deviner sur la droite une explosion. La dramatisation de l’instant est soulignée par les bras tendus du blessé, semblant un Christ en croix, et par les brancardiers courbant l’échine au fond de la tranchée. Cette position évoque les précautions prises pour se protéger mais aussi l’effort entrepris. Le point de vue de l’observateur est à hauteur de l’action et perçoit directement le regard du brancardier de droite. Un regard lourd chargé d’interrogations voire d’accusations. La souffrance du blessé est mise en scène par le pansement maculé de sang et son attitude qui montre un corps mal installé, noueux et un visage renversé où la bouche béante laisse passer, sans doute, quelques gémissements.

 

De nombreux artistes ont représenté ces hommes ramassant les morts, aidant les blessés ou transportant dans l’urgence un corps abîmé :

Le brancardier est sans arme sur le champ de bataille. Juste un brassard pour être identifié. Et le brancard pour la rude tâche.
A l’écoute, progressant prudemment, il se fait sauveur de vie, convoyeur de corps déchirés ou compagnon recevant les dernières paroles.
Il est compatissant pour ce soldat qui appelle depuis des heures sa mère et pour cet autre beuglant son nom au côté de son copain déchiqueté.
Brancardier, on sait ce que pèse un homme… et ce que pèse aussi l’espoir d’arriver vivant au poste de secours. On sait, aussi, qu’un soldat tué, français ou allemand, a droit à une sépulture digne de son courage et que son nom y soit inscrit. Le brancardier et le combattant, sont ainsi bien trop souvent fossoyeurs.

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