À l’annonce de cette édition dite « de luxe » parce que Jean Lefort l’enrichit de ses aquarelles, je sais des amateurs méfiants qui ont hoché la tête :
– Lefort ?… Est-il assez connu ?…
C’est vrai : comme peintres de bataille Van der Meulen et Horace Vernet sont plus en renom ; mais pour une guerre moderne, ils m’ont paru trop passés à la postérité…
Jean Lefort a un talent puissant. Ses peintures vont réchauffer mes pages. Je suis fier. J’ai un potager qui devient un jardin.
Mais je veux plus. Je veux que les amateurs méfiants se réjouissent aussi. En des temps où la Nation risque tout, il convient qu’eux du moins risquent l’achat de ce livre. Lefort deviendra célèbre. Alors, ayant le volume, ils pourront dire :
– Celui-là … je l’avais flairé !
Et ils seront à l’honneur avec lui.
C’est à eux que j’ai pensé en arrêtant mon choix.
R. B

Deux ans après sa parution, son succès et l’obtention du prix Goncourt, la maison d’édition d’art Devambez fait paraître cette édition « de luxe » de Gaspard illustré des aquarelles de Jean Lefort.

Les seize illustrations « hors-texte » reproduites en fac-similé des dessins originaux sont regroupées dans une enveloppe séparée de l’ouvrage et glissée avec lui dans un fourreau élégant protégeant l’ensemble.
L’ouvrage lui-même édité à 300 exemplaires sur papier Vélin ne comprend aucune illustration in-texte, ni bandeau, cul-de-lampe ou autre lettrine.

Benjamin rédige pour cette édition un avant-propos inédit justifiant le choix de Lefort avec lequel il collaborera à nouveau quelques années plus tard1.
Lefort est un combattant. Il est un des artistes mobilisé ayant produit le plus d’œuvres de guerre2. Ses dessins sur le front d’Artois ont fait l’objet d’une publication en double page dans l’Illustration en août 1916. Il connaît une certaine renommée qui se renforce à l’occasion d’expositions de ses œuvres qui ont lieu chaque année jusqu’à la fin de la guerre3. Une table établissant les correspondances entre les dessins et les chapitres de l’œuvre est fournie.
Les quatre dessins de cette page illustrent le chapitre V qui se situe en hôpital militaire.
Les douze autres dessins sont accessibles à partir des miniatures suivantes qui amènent à des pages indépendantes où sont présentés des extraits des chapitres concernés.
La prise de vue et l’édition des dessins ont été assurées par nos soins.
Tous les dessins sont présentés en haute résolution.

1. L’Hotel des ventes. Paris, sa faune et ses mœurs‎ de René Benjamin illustré par Jean Lefort, Arthème Fayard, Paris 1919
2. »Un peintre soldat de la Grande Guerre, Jean Lefort » in Revue d’histoire de la guerre mondiale, Alfred Costes éditeur, Paris, 1924 : long article retraçant le parcours et la carrière du peintre ; cet article est numérisé à cette adresse sur BnF/Gallica mais il peut être également consulté sur le blog au fil des mots et de l’histoire où l’on trouve un billet dont le contenu comprend sa retranscription.
3.Ibid.