Artois, décembre 1914

Depuis le matin il pleut, une de ces pluies d’hiver, froide, fine, éternelle, dont rien ne protège. La tranchée de première ligne est un ruisseau couleur de terre, mais un ruisseau immobile dont le courant resterait accroché aux parois de son lit. De l’eau, de la boue. On y enfonce, on glisse doucement, attiré par on ne sait quelle irrésistible force. Les molécules de cette matière s’écartent d’abord, puis on les sent qui reviennent, qui s’agglutinent avec une tenacité contre laquelle rien ne prévaut. Les parapets s’écroulent par blocs (…) Il y a des pays qui connaissent l’obsession de l’insinuante et multiforme poussière. Ici c’est la boue qui obsède.

L’Argonnaute, journal des tranchées, 1er juin 1916

GEO MICHEL

AILLEURS DANS LE PORTFOLIO

LE THÈME DE LA TRANCHÉE

AILLEURS DANS LE PORTFOLIO