Le cortège des cuistots, 1916

Le canon tonne avec rage et c’est la mêlée ici (…) Les cuistots sont pressés, ils n’aiment pas les lignes, les sergents-majors, qui accompagnent les cuisines, ne sont pas fiers. Les obus éclatent de toutes parts, on ne se reconnaît qu’à leur gerbe de feu. On se presse, on se bouscule, on gueule, dans ce fracas de ferraille. Puis, soudain, un sifflement plus proche, chacun cherche à rentrer en terre, les marmites trébuchent. C’est passé, l’éclatement a été formidable. Des cris, des blessés (…) Deux hommes sont étendus là, à terre, l’un râle pour expirer, l’autre a une jambe coupée. Soudain, un autre éclatement terrible, en plein sur une cuisine, les chevaux sont tués, les hommes s’éparpillent en voilà qui gueulent, d’autres qui gémissent, d’autres qui se sauvent (…) Le canon s’acharne toujours plus; nous sommes là, c’est le devoir, ces ravitaillements sont une des corvées les plus pénibles (…) Les hommes s’enfoncent dans la nuit pour porter la soupe aux camarades. Ils auront à en dire des : Ah! mon cochon, qu’est-ce qu’ils nous ont sonné – les vaches. Ben mon vieux, tu parles d’un filon que la soupe …

Henri Desagneaux, Journal de guerre, 1971

GEORGES LEROUX

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