Sur la route de Souain à Somme-Py, 1916

Oui, chacun s’est fait à l’idée de la mort. Que peut-il me rester si je survis à la guerre? De mon plus lointain passé à la minute présente, tant d’années dont je fais le compte tiennent dans mon souvenir comme un peu d’eau dans le creux de la main. Que je desserre les doigts et cette eau s’écoule. Le passé rassemblé qui me parait si court dépasse de beaucoup tout l’avenir que je puis espérer. Que cela est donc peu de choses! La mort ne fait que desserrer les doigts du Temps qui porte nos jours futurs. Et nos jours, en tombant, glissent comme des gouttes et ne font aucun bruit.

Henri Bordeaux, Les derniers jours du Fort de Vaux, 1916

FRANÇOIS FLAMENG

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