Artois, décembre 1914

Une heure, deux heures, trois heures, le temps se traîne comme paralysé. Cette veille ne finira donc jamais. La fatigue devient de la stupeur. Celui qui ne voulait pas dormir sent qu’il va fermer les yeux, mais, il ne dormira pas. Il sentira le froid, la pluie, il sombrera parfois dans une inconscience rapide, mais il ne s’évadera pas complètement dans le bon sommeil de la brute, le sommeil sans rêves et sans lueurs. Toujours la pluie, toujours l’hiver, toujours l’ombre.

L’Argonnaute, journal des tranchées, 15 juin 1916

GEO MICHEL

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