Afin de promouvoir les films sur la bataille de Verdun ou le tourisme vers la cité meusienne, les affichistes ont conçu des illustrations évoquant les figures liées à cette bataille exceptionnelle.

Le héros-combattant prêt au sacrifice, le soldat français défenseur de la civilisation, les ruines témoignant de la souffrance de la ville meurtrie sont ainsi traités dans ces compositions.

L’affiche avec sa visibilité importante et sa force d’évocation a contribué à diffuser des images au plus près du « mythe » Verdun.
En voici quelques exemples.

Cette affiche, signée Maurice Toussaint, est éditée par les Chemins de Fer de l’Est au lendemain de la guerre en 1919.

Au premier plan, deux poilus lourdement chargés passent. Ils semblent accoutumés au spectacle de la ville en partie détruite. Les maisons sur la rive de la Meuse (le futur quai de Londres), incendiées et écroulées, captent le regard. C’est un spectacle saisissant de désolation. En regardant attentivement, on voit que l’artiste a représenté des habitants regroupés sur le pont qui enjambe la Meuse et, partout, des fenêtres éclairées comme des lueurs de renaissance. Autant de petits signes montrant que la vie a déjà repris parmi les ruines.

« Verdun, visions d’histoire », le film de Léon Poirier, sorti en 1928, a fait l’objet de plusieurs affiches de cinéma.

Celle-ci a été conçue par Antoine Magne pour la nouvelle sortie du film en 1931 dans une version « sonore et parlée ». A cette occasion, on peut noter que le sous-titre « visions d’histoire » est changé en « souvenirs d’histoire ». L’affiche met en avant la détermination des poilus attendant l’heure de l’attaque en première ligne. L’illustrateur oppose l’inquiétude du jeune soldat, un « bleuet », le regard rivé à sa montre et la tranquille solidité de l’ancien, cigarette aux lèvres, bras croisés et fusil posé.

« Verdun, tel que le poilu l’a vécu » est un film muet de 1928 bâti à partir de documents d’archives. Il a été produit par les films Emile Buhot.

Cette affiche glorifie le combattant de Verdun qui, ici, se détache sur un fond évoquant l’enfer du feu. Le poilu héroïsé se dresse vers l’ennemi, grenade à la main, hors de la tranchée tandis que ses camarades essuient les tirs ennemis. Tous ont la main levée pour rappeler la figure du personnage principal. L’action est menée à la grenade par les soldats du premier plan et un soldat tué semble déjà s’écrouler au pied du héros. L’épreuve du feu et le courage pour y faire face sont choisis ici comme sujets d’illustration des heures terribles de la bataille. Ce film peut être vu, en ligne, sur le site des archives françaises du CNC en cliquant sur ce lien.

Jean Dréville, le futur cinéaste, a dessiné cette affiche pour la promotion du film « Verdun, tel que le poilu l’a vécu » sorti en 1928.

Seul le nom de la ville apparaît ici mais le texte descriptif en bas de l’affiche précise qu’il s’agit d’un récit visuel des combats sous-entendant que l’œuvre n’est en rien fictionnelle. Le dessin de Dreville présente un combattant stylisé dont la masse énorme se dresse devant la porte Chaussée, un des monuments les plus célèbres de la cité. En contrepoint, pour renforcer encore le thème de la défense, apparaît en haut de l’affiche la citation « On ne passe pas » issue du fameux ordre du jour du général Nivelle de juin 1916 et repris la même année dans une chanson à succès. Les baïonnettes dressées des soldats participent au thème de la ville défendue coûte que coûte. Le caractère sacré du combat est souligné par les rayons lumineux qui s’élèvent derrière le monument.

Dans la grande tradition des affiches de tourisme invitant au voyage, Léon Chesnay …

signe une illustration grandiose représentant les visiteurs autour du monument à la Victoire et aux soldats de Verdun. Inauguré en 1929, le monument se dresse, entre ville haute et ville basse, à la gloire de la victoire française. Un guerrier franc, fier, l’épée nue devant lui, veille sur la cité en regardant en direction de l’est au sommet d’une tour de trente mètres. L’affiche montre le monument entier avec ses faux remparts et ses escaliers. Le bas de l’affiche traité dans des teintes sombres présente la foule des visiteurs qui s’apprête, peut-être, à monter à la suite des groupes qui  font déjà l’ascension vers la crypte. On reconnaît la cathédrale et la ville haute sous un ciel étonnant qui évoque, à la fois, le feu des bombardements (on devine quelques flammes au dessus des tours) et la sérénité de la paix retrouvée avec ce bleu très clair au-dessus de la figure rassurante du soldat. Le texte se lit comme une invitation à toute la nation, à communier ensemble dans le souvenir de la victoire.

Jean Dréville a également réalisé cette deuxième affiche pour « Verdun, tel que le poilu l’a vécu »…

et il s’agit d’une illustration dont le sujet est plus rare que celui traité dans la précédente. En effet, Verdun est ici illustré par un épisode qui présente un canon détruisant un zeppelin. Un événement semblable s’est déroulé le jour du déclenchement de la bataille de Verdun au dessus de Révigny. Le dirigeable avait alors été abattu par des servants d’une batterie auto-canon. Le dessin est très stylisé : impossible de reconnaître des casques français. Les tirs se déroulant la nuit, des faisceaux lumineux blancs barrent le ciel sombre sans plus de détails. Le zeppelin est, quant à lui, assez ressemblant aux modèles qui bombardaient les troupes françaises ou semaient la panique jusqu’en Angleterre en 1916.

Voici une autre affiche réalisée pour le film de Léon Poirier « Verdun » (1928). Elle met en scène quatre soldats…

dont trois sont blessés. Deux poilus apparaissent en uniformes bleu horizon. Les deux autres ont des tenues moins précises. Les casques Adrian sont reconnaissables seulement pour certains.
La scène qui est proposée est évocatrice. Les quatre soldats soutiennent une croix de bois dont la taille rappelle celle de la croix de la Passion sur le mont Golgotha. Elle symbolise pour tous les catholiques le sacrifice de Jésus, événement fondateur de la civilisation chrétienne. Le poilu s’offre en sacrifice pour porter (aux sens propre et figuré) la défense de la civilisation. Il rétablit le symbole du sacrifice et s’en inspire en allant au bout de ses forces. C’est, à proprement parler une « vision de l’histoire », comme l’indique le sous-titre du film.

On retrouve sur cette affiche, plus récente que les précédentes, et éditée par le syndicat d’initiative de Verdun la figure du soldat français…

du monument à la Victoire protégeant la cité (représentée ici par les tours de la porte Chaussée). Les couleurs utilisées sont celles du drapeau national. Le nom du pays apparaît d’ailleurs en bleu et rouge juste en dessous du nom de la ville dont la typographie en relief et les couleurs peuvent évoquer plutôt le feu et la guerre. Verdun c’est la France. La France c’est Verdun semble proposer l’illustration. Les indications « forteresse historique » et « centre de tourisme » souligne l’intérêt d’un voyage à Verdun. Mais ce sont les inscriptions des batailles sur les panneaux rouges qui attirent le regard. Ces panneaux sont comme des portes imposantes semblant s’ouvrir devant le guerrier, figure de la victoire. On peut noter que l’on trouve dans ces noms, des positions défendues lors de la bataille de Verdun mais aussi des secteurs proches de Verdun qui ont connu aussi des heures dramatiques (l’Argonne, les Eparges…).