
636 000 hommes ont été transportés sur le continent parmi lesquels on compte 187 000 travailleurs et 449 000 combattants.
Les unités combattantes sont formées de 294 000 hommes originaires d’Afrique du Nord (174 000 algériens, 80 000 tunisiens et 40 000 marocains), 275 230 hommes originaires d’Afrique noire, de Madagascar et d’autres colonies comme les comptoirs indiens ou le Pacifique. On compte également 38 220 français des colonies et 36 740 chinois employés au combat.
Source Documents parlementaires de 1924 cités par C. Antier-Renaud (Les soldats des colonies, 2008-2014)



Sources Les combattants coloniaux, M. Marbeau, L’Ecole des lettres no 14; Les soldats des colonies, C. Antier-Renaud. * Un tirailleur est un combattant qui progresse en ordre dispersé en tirant avec persistance.











LE POÈME DU MOMENT
DE LA BATTERIE DE TIR
Au maréchal des logis F. Bodard.
Nous sommes ton collier France
Venus des Atlantides ou bien des Négrities
Des Eldorados ou bien des Cimméries
Rivière d’hommes forts et d’obus dont l’orient chatoie
Diamants qui éclosent la nuit
Ô Roses ô France
Nous nous pâmons de volupté
À ton cou penché vers l’Est
Nous sommes l’Arc-en-terre
Signe plus pur que l’Arc-en-Ciel
Signe de nos origines profondes
Étincelles
Ô nous les très belles couleurs
Tranchées Tête de cochon, février 1915.
| ••• APPOLINAIRE Case d’Armons (Calligrammes) |

ALBUM
SOLDATS DES COLONIES
es œuvres de cet album sont dues à des artistes parmi lesquels certains furent des combattants. D’autres, mobilisés ou non, furent missionnés pour composer à partir de leurs observations des œuvres témoignant de la réalité des événements et de la condition des soldats. Elles s’inscrivent dans une veine documentaire éloignée de la représentation caricaturale des soldats des colonies que l’on rencontre à l’époque, par exemple, dans la presse humoristique et satirique.
Certains de ces dessins sont parus dans l’Illustration et La guerre documentée, revues traitant avec sérieux de l’actualité. Cela n’exclut pas, parfois, une part de stéréotypes dans les choix de représentation. Les dessins de J.J. Berne-Bellecour, par exemple, montrent le caractère exotique et oriental des spahis et révèlent une esthétisation affirmée dans les costumes amples et le port de tête altier (ces combattants n’étaient qu’une minorité, les uniformes des troupes coloniales variaient peu des contingents métropolitains). On peut noter, comme souligné plus haut, que les portraits dus à Jonas ou Charlot révèlent peu de différence de traitement (dans le choix des attitudes par exemple) par rapport à des poilus non coloniaux. Certains artistes comme Julien Le Blanc et Lucien Jonas inscrivent scrupuleusement l’identité de leurs modèles pour marquer leur individualité.
Lire +

Dans votre solitude sans yeux sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la Province
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée, jadis dans les palabres du village
Écoutez-moi, Tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit. Nous n’avons pas loué de pleureuses, pas même les larmes de vos femmes anciennes
— Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant l’ardeur des vivants. Les plaintes des pleureuses trop claires
Trop vite asséchées les joues de vos femmes, comme en saison sèche les torrents du Fouta
Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au coin des lèvres oublieuses.
Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos noms dans les mois que vous mouriez
Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons l’amitié de vos camarades d’âge.
Ah ! puissé-je un jour d’une voix couleur de braise, puissé-je chanter
L’amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate, forte comme des tendons.
Écoutez-nous, morts étendus dans l’eau au profond des plaines du Nord et de l’Est.
Recevez ce sol rouge, sous le soleil d’été ce sol rougi du sang des blanches hosties
Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs Sénégalais
MORTS POUR LA RÉPUBLIQUE !
Léopold Sédar Senghor, Hosties noires, Seuil, Paris, 1948
Illustration Tirailleur Koya Koyé Baoulé, 1917, 80è T.S, Lucien Jonas, droits réservés, coll. J.P. Fontanon



André Warnod
-Petites images du temps de guerre, 1918
VERDUN
HENRI DESBARBIEUX

PORTFOLIO
TOUS LES DESSINS
Les œuvres rassemblées sur ce site sont des dessins réalisés par des artistes contemporains de la Grande Guerre qui furent pour certains également combattants.
Ces dessins sont accompagnés de textes de journaux de tranchées, de témoignages écrits d’anciens soldats ou d’extraits d’oeuvres littéraires traitant du conflit.
Le site présente environ 80 dessins.
Ils ont été regroupés en galeries thématiques illustrant la vie des soldats durant la guerre : la tranchée, le répit, le feu, la route, la mort … continuer à lire l’intro
LE BLOG
TOUS LES ARTICLES
OUVRAGES, EXPOS, HOMMAGES —
Seuls les derniers articles sont proposés ci-contre.
Vous trouverez dans le blog des articles rédigés sur des expositions mettant en avant l’art graphique de la Grande Guerre, des ouvrages traitant du même sujet ou des descriptions d’œuvres. Certains billets s’attachent, aussi, à des poètes et à des ouvrages généraux sur la période 14-18.
Après cinq jours d’horreur qui nous ont coûté 1 200 victimes, nous avons été retirés de ce lieu d’abomination… Qui dira l’inouï de ce que j’ai pu voir ?… Mon intellect est fortement ébranlé… Je reste stagnant et courbaturé… Je suis un peu comme si je relevais de la fièvre typhoïde… Chère mère, je voudrais de nouveau me tendre vers tout ce qui est beau et noble. Je voudrais sentir toujours en moi l’inspiration qui m’élancerait vers les richesses de la vie. Hélas ! pour le moment, je suis d’une mentalité de plomb… Après une telle révolution, je ne puis que me laisser aller à la volupté de vivre encore un peu…
L’idée de Verdun et de la mort pèse, je le sens, sur toute la colonne et rend les hommes plus irritables… En venant, nous avons croisé deux batteries de 100 de marine. Pas un homme à pied. Tout le monde en auto. Les officiers ont une confortable voiturette à eux. Je demande à un sous-officier s’il y a eu beaucoup de pertes à la batterie. — Non très peu. Et son air surpris me laisse entendre que c’est peut-être “pas du tout”. Je regardais mes pauvres troupiers. Ils traînaient lamentablement sur la route, ployés en deux sous le poids du sac, ruisselants d’eau, et cela pour aller se faire écrabouiller dans des tranchées boueuses ! non décidément, il n’y aura pas eu de parité, dans cette guerre, entre les souffrances endurées par les différents combattants du front.
Dans ces visages ternes…, une seule chose frappe, l’éclat du regard. Il est fiévreux, indéfinissable en son rentrant, ne ressort que pour vous scruter au passage, se heurte avec un certain défi à la placidité du vôtre, qui ne connaît que par à-coups ce qui fait la hantise du leur. Il vous poursuit et vous gêne, ou bien vous abandonne avec un mépris un peu las. Qui n’a ressenti quelque chose d’approchant, lors d’une visite dans un hôpital, ou dans l’usine où brûlent et suent les travailleurs des métiers du feu ?
Ils étaient accroupis sur le sol et tenaient leurs gamelles sur leur genoux… Une gourde faisait le tour de la société et chacun buvait à la régalade longuement et goulûment, la tête renversée et les yeux levés… Un gros poilu, dont la bouche s’élargissait en un sourire sans expression, puisait des morceaux de viande dans le fond d’une marmite avec une louche faite d’une boîte de conserve fixée par un fil de fer au bout d’un bâton et criait : — Qui veut du rabiot?… Encore du rabiot !… A qui la barbaque ?

L’Humanité est maudite, si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement ____Jean JAURES.