et ouvrage dense et généreusement illustré a tout d’une petite encyclopédie avec ses articles complets et son champs d’étude très large. Pourtant aucune volonté d’être exhaustif ici. Au contraire, le désir des auteurs est de privilégier la variété et la représentativité pour “plusieurs traversées” permettant une approche éclatée.
La quatrième de couverture du livre nous invite à “une lecture renouvelée” en proposant des “cheminements originaux”. Quant est-il exactement?
Tout d’abord, les neuf chapitres du livre sont particulièrement représentatifs des courants actuels de l’historiographie de la Grande Guerre. L’espace culturel y prends une place prépondérante : c’est l’approche de la guerre par l’objet, par l’œuvre d’art, par la langue, par la mémoire familiale. Mais pas seulement. Le premier chapitre intitulé Récit propose en quelques vingt pages, un cadre global et international en s’attachant aux événements chronologiques. Il est suivi par une approche développée autour des lieux de la Grande Guerre. En illustrant leur propos avec vingt lieux en une “visite choisie autour du monde”, les auteurs questionnent : quelle volonté mémorielle a fait se dresser monuments et stèles et qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Et il y a des découvertes : qui connait aujourd’hui les monuments aux troupes coloniales du jardin d’agronomie tropicale au Bois de Vincennes ? Quel monument célèbre la mémoire difficile des soldats d’Orient tombés en Macédoine ?
Plus loin, un chapitre intitulé Vocabulaire et expressions sort un peu des sentiers maintes fois battus par ce type d’exercice en faisant lire des définitions qui surprennent comme “mercantis” ou “plat ventre”. Le chapitre six est consacré à des documents d’époque. On s’y intéresse aux témoignages d’un civil envahi, d’un soldat indien, d’officiers et de personnalités en devenir comme Mussolini. Ils permettent de saisir “des traits profonds de l’époque” comme le précise les auteurs.
Une très bonne idée de cet ouvrage est de faire le point sur la vision des historiens. Un chapitre intitulé Travaux propose de retracer les courants marquants qui ont prédominés pour retracer l’histoire de la guerre et les grandes figures des acteurs de cette évolution. Enfin, une partie fouillée se penche sur La présence artistique de 1914-1918, thématique très présente en ce centenaire. Elle touche les écrivains, les peintres, les cinéastes… On y note des choix, et c’est heureux, qui, là encore, sortent du tout venant.
Voilà donc un ouvrage réussi, témoin lui aussi de son temps. Synthétique, illustré, original et poussant la découverte dans des directions, parfois, méconnues.
Carnet du centenaire, ouvrage d’André Loez et Nicolas Offenstadt, Albin Michel, 2014