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Centenaire de la mort de Steinlen

13 décembre 1923 : à soixante quatre ans, Théophile Alexandre Steinlen s’éteint, chez sa fille Colette à Paris, des suites d’une crise cardiaque1. Sujet à des périodes de dépression depuis de longues années, il continuait, cependant, à mener de front des projets d’illustrations et d’expositions tout en voyageant.

<b>Steinlen</b> - Autoportrait de face tête penchée
Steinlen – Autoportrait de face tête penchée – Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Originaire de Lausanne en suisse, il s’était installé en 1881 à vingt-deux ans avec sa femme Émilie à Montmartre, quartier alors en pleine effervescence. Il y rencontre Adolphe Willette et, profitant de l’essor des revues et journaux à grand tirage, se fait connaître comme illustrateur et, bientôt, affichiste. À l’instar de Willette, il créé des affiches publicitaires, il illustre des partitions de chansons et il dessine des couvertures de titres de presse comme Gil Blas illustré ou Le Mirliton. Son affiche la plus célèbre est celle qu’il dessine en 1896 pour la tournée du cabaret Le Chat Noir. Steinlen est plus un artiste de rue que de salon : il y trouve ses motifs et y diffuse ses œuvres.

Sa personnalité humaniste et sensible l’a conduit à s’intéresser avec constance aux démunis et aux laissés-pour-compte. Les ouvriers, les prostituées, les vagabonds peuplent ses dessins. C’est à Paris, dans les quartiers populaires et notamment sur la butte Montmartre, où il côtoie Toulouse-Lautrec et Aristide Bruand, qu’il trouve l’inspiration de ces œuvres réalistes. Politisé, défenseur du progrès social, il aime, dans une autre veine, utiliser des allégories figurant, par exemple, la libération des opprimés.

Son art est essentiellement graphique mais il se consacre aussi à la peinture et à la sculpture. Il doit sa popularité à la large diffusion dont ses œuvres ont bénéficié et à des sujets appréciés par le plus grand nombre tels les couples enlacés, les travailleurs, les miséreux, les poilus pendant la guerre et, bien sur, les chats —  représentés dans toutes les postures et tous leurs caractères — parfois seuls, en groupe ou plus rarement en meute comme dans son Apothéose des chats en 1885.

Note :

1. C’est une des versions du décès de Steinlen, il pourrait être aussi décédé à son atelier mais bien le 13 décembre et non le 14 comme le rapporte beaucoup de sources. Ces précisions se trouvent dans l’épilogue de L’œuvre de guerre, tome II (Historique) de Jacques Christophe, Aléas, Lyon, 1999.

Association des amis du Petit Palais de Genève © Studio Monique Bernaz

L’exposition du musée de Montmartre, qui a eu lieu à l’occasion du centenaire de l’artiste, explorait cette personnalité unique. Toutes les formes de son art étaient montrées à travers une centaine d’œuvres. Il était, ainsi, possible de découvrir un nombre représentatif de peintures sur toile et quelques pièces de sculpture.

Vous pouvez visiter le site du musée : Musée de Montmartre Jardins Renoir 12, rue Cortot – 75018 Paris Tél. : 01 49 25 89 39 infos@museedemontmartre.fr www.museedemontmartre.fr

Accès à l’album Croquis du Temps de Guerre

Accès à l’article sur les eaux-fortes de 1917 : « L’autre guerre de Steinlen »

Bibliographie : Steinlen, catalogue de l’exposition du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis, Pagine d’Arte, 2009 Steinlen, 1859-1923, catalogue de l’exposition au musée de Montmartre, Jardins Renoir, In fine éditions d’art, 2023

Images de l’exposition

Les photographies ci-dessous présentent quelques unes des œuvres qui étaient visibles durant l’exposition du musée Montmartre situé à deux pas de la place du Tertre. Ce musée intimiste, ombragé et offrant de belles vues sur le quartier alentour et la vigne montmartroise, est installé dans la Maison du Bel-Air fréquenté autrefois par de nombreux peintres. Les panneaux de l’exposition et les commentaires des guides, qui assurent la visite, insistent sur le lien particulier entre Steinlen et Montmartre. L’artiste y vivait et y repose depuis 1923, à deux pas du musée, dans le petit cimetière Saint-Vincent.
Le parcours de l’exposition permettait de s’intéresser, salle après salle, au travail de Steinlen pour la presse, travail souvent engagé pour la défense des plus miséreux, à sa passion pour les chats, à son rapport complexe avec la religion ou à ses œuvres manifestes pour le progrès social. Hormis la peinture sur toile, de nombreuses techniques sont représentées comme le pastel, l’eau-forte et l’aquatinte, l’aquarelle, la lithographie, le fusain (magnifique portrait de Masseïda, sa dernière compagne, dans la dernière salle), la photogravure etc.
Les œuvres de guerre sont peu nombreuses. Elles sont regroupées dans une petite salle où l’on remarque surtout la grande toile carrée Les convalescents devant la plaine datant de 1915 qui occupe le fond de la salle. De chaque côté, seulement quatre autres œuvres : une affiche et trois lithographies. Un panneau explicatif sur cette période cite les déplacements de Steinlen sur le front mais insiste sur sa principale inspiration qui est plutôt le sort des civils. Le parallèle avec Les désastres de la guerre de Goya, dont il est question dans le texte, est sans doute un peu excessif.
 
Éléments muséographiques et textes des panneaux : © Musée de Montmartre, 2024

| Dernière modification le 16/09/2024

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