Le site fête ses 25 ans !
Une génération est passée et avec elle tant d’heures consacrées à rester fidèle à notre inspiration de départ : rendre hommage aux combattants en réunissant des dessins d’artistes contemporains de la guerre dans un site à la conception soignée. En 1999, notre portfolio qui mêle art graphique et écrits d’auteurs, fut élaboré pour répondre à cet objectif. Puis au fil des années d’autres pages – les articles du blog, les albums ou le récent cabinet des dessins – furent publiées et permirent de contextualiser et de commenter les œuvres présentées. Depuis plusieurs années, tous les dessins du site sont reproduits, en respectant les droits associés, avec une qualité que nous souhaitons la meilleure possible et une attention particulière à ne pas dénaturer les œuvres originales.
Pour marquer cet anniversaire, nous mettons en avant deux recueils d’estampes reproduits intégralement et qui sont dus à des artistes aux styles très différents : Impressions du front de Jean Lefort et Notes prises au front d’André Dunoyer de Segonzac (à venir). Ces œuvres sont, à notre connaissance, absentes d’internet dans leur intégralité. Lefort et Dunoyer de Segonzac partagent une caractéristique commune : ce sont des « artistes combattants », acteurs et témoins des épreuves qu’ont traversées les soldats de la Grande Guerre.
Impressions du front, Jean Lefort
Jean Lefort a produit durant la guerre un nombre considérable de dessins alors qu’il était mobilisé comme simple soldat. Ses dessins, tous datés et situés, sont réalisés à partir d’observations faites sur le front puis, souvent, retravaillés et mis en couleurs à l’aquarelle. On peut donc suivre les différents secteurs qu’il occupe, les personnages qu’il y croise, les mouvements de troupe qui ont lieu sous ses yeux et, comme fréquemment chez les artistes combattants, la vie quotidienne du soldat dans des scènes très variées. Mais ses œuvres n’hésitent pas aussi à représenter les blessés, les réfugiés, les tués et les sépultures des camarades tombés.
Le wagon
De Toul à Granvillers, Lorraine, 15 août 1916
J’ai vu la guerre avec tout ce qu’elle traîne à sa suite de tristesses, de larmes, d’héroïsmes. J’ai vu l’enthousiasme du départ, l’accueil de la Belgique, et j’ai connu l’heure de la défaite, marché jour et nuit le ventre creux mais l’espoir au cœur. J’ai vu la Marne, la poussée victorieuse et l’Allemand s’enfuir puis s’arrêter, acculé. J’ai vu brûler Charleroi, Reims, Verdun. J’ai vu des batailles sanglantes, horribles, des blessés qui râlaient, des morts sur lesquels on marchait ! J’ai vu des souffrances sans nombre, des hommes, jour et nuit, sous le soleil ou la pluie, dans la neige, guetter l’homme (…) J’ai vu partout la désolation, la ruine.
Bombardia, journal des tranchées, 30 janvier 1918
Nouvelles numérisations
des dessins de Jean Lefort
Sur les traces d’un poilu artiste inconnu
Ce sont des dessins, nombreux, tous signés « G.W » qui témoignent d’une bonne maîtrise de la composition et du trait. La plupart sont des croquis certainement exécutés au front, réalisés souvent au crayon noir et parfois rehaussés de traits de couleur. L’ensemble comporte plus de 300 dessins. Certaines œuvres à la plume témoignent d’une attention particulière aux détails notamment pour rendre le décor, les uniformes, les expressions des personnages et, souvent, la composition y est plus recherchée. On compte dans cet ensemble aussi des aquarelles tout aussi raffinées. Ces œuvres ont fait l’objet de ventes à l’unité ou en séries et sont donc dispersées chez les collectionneurs. Nous nous sommes interrogés sur ce « poilu artiste inconnu » et nos recherches nous ont mené à un « canonnier dessinateur » nommé Gilbert Wiart. Remontez le fil de nos recherches dans cet article illustré de ses dessins.
Le cabinet des dessins
Georges Hugo : Sur le front de Champagne
Pour accompagner la première exposition monographique de Georges Victor-Hugo, petit-fils de l’illustre auteur, qui s’est tenue jusqu’en mars 2024 à la maison Victor Hugo à Paris, les éditions Paris Musées propose la réédition de soixante dessins de guerre de l’artiste parus pour la première (et unique fois jusque là) en 1917.
Dans cet article, nous nous concentrons sur la période de guerre et tâchons d’expliquer en quoi ces dessins exposés dès 1917 avec succès restent un ensemble assez remarquable parmi tous ceux créés par des artistes combattants.
Nous proposons une sélection de douze de ces compositions numérisées à partir de l’édition originale et vous invitons à aller plus loin en lisant ce petit ouvrage oblong où l’on peut admirer ces dessins réalisés sur le front avec souvent des moyens rudimentaires.
Dessins et estampes du musée numérique des musées de Reims
Ressources en ligne
1179 dessins et estampes numérisés provenant de la collection Lemétais, une des collections d’art graphique sur la Grande Guerre parmi les plus importantes, sont présentés dans le Musée numérique du site des musées de la ville de Reims. Quatre-vingt-quinze artistes sont représentés dont de nombreux artistes combattants. Nous vous proposons un guide pour choisir de visualiser depuis notre site les dessins les plus remarquables parmi lesquels une série d’œuvres poignantes d’Eduardo Benito et les dessins organiques de Jean Galtier-Boissière.
Aux Eparges
Le copain
On t’a porté, la nuit, par la marne pouilleuse.
Tes bonshommes pleuraient. Leurs rudes mains pieuses,
Timides, t’effleuraient, comme un petit qui dort;
Leurs genoux cadencés ballottaient ton front mort,
Et ton sang clair coulait le long de nos chaussures.
Ta capote n’avait qu’une croix pour parure,
Les étoiles du ciel regardaient par ses trous !…
Mais nous sommes tombés, pour prier, à genoux,
Quand j’eus pris sur ton cœur les lettres de ta mère,
Et qu’on vous eut mis, toi, puis ta jeunesse, en terre.
Et, fermant pour toujours les clartés de tes yeux,
J’ai simplement, comme auraient fait les pauvres vieux,
Mon héros de vingt ans, baisé ta chair de marbre !
Et j’ai laissé ton âme à l’âme des grands arbres !…
Paul Verlet, De la boue sous le ciel, 1919
Le glorieux retour
Le retour du feu, Verdun 1916
Tous marchaient ou plutôt avançaient à petits pas, les genoux en avant, ployés sur eux-mêmes … Ils ne disaient rien, ne geignaient plus. Ils avaient perdu jusqu’à la force de se plaindre. On voyait dans les regards un abîme inouï de douleur quand ces forçats de la guerre levaient la tête vers les toits du village. Et dans ce mouvement, leurs traits paraissaient figés dans la poussière et tendus par la souffrance … Des territoriaux, qui regardaient à côté de moi, restaient pensifs. Deux d’entre eux pleuraient en silence comme des femmes.
Lieutenant Georges Gaudy, Les trous d’obus de Verdun, 1922
PORTFOLIO
Les œuvres rassemblées sur ce site sont des dessins réalisés par des artistes contemporains de la Grande Guerre qui furent également, pour beaucoup, des combattants.
La collection principale du site apparaît dans un portfolio accessible depuis l’entrée du menu Les portfolios en choisissant Les dessins par artistes ou par thèmes.
Cet ensemble regroupe environ 80 dessins. Ils sont accompagnés de textes de journaux de tranchées, de témoignages écrits d’anciens soldats ou d’extraits d’œuvres littéraires traitant du conflit.
Ils ont été regroupés en galeries thématiques illustrant la vie des soldats durant la guerre : la tranchée, le répit, le feu…
On peut aussi, toujours depuis ce choix du menu, visiter quelques sélections de dessins autour de thèmes particuliers comme la bataille de Verdun … continuer à lire notre nouvelle intro comprenant un point sur les droits associés aux œuvres et à leurs images.