Sur le front d’Artois, Neuville-Saint-Vaast, Talus des zouaves, février 1916
Ce furent des jours de travaux forcés, sans dormir, sans un abri, pas même un simple trou pour se parer un peu de la pluie, les pieds bleuis par le froid, douloureux, enflés à ne pouvoir ôter les godillots boueux, condamnés chaque nuit à creuser un bout de tranchée qui devenait notre cantonnement du lendemain. Quand on vint nous relever, nous étions hâves, amaigris, sales, boueux à ne pas nous reconnaître les uns avec les autres.