Granvillers, Lorraine, 15 août 1916
J’ai vu la guerre avec tout ce qu’elle traîne à sa suite de tristesses, de larmes, d’héroïsmes. J’ai vu l’enthousiasme du départ, l’accueil de la Belgique, et j’ai connu l’heure de la défaite, marché jour et nuit le ventre creux mais l’espoir au cœur. J’ai vu la Marne, la poussée victorieuse et l’Allemand s’enfuir puis s’arrêter, acculé. J’ai vu brûler Charleroi, Reims, Verdun. J’ai vu des batailles sanglantes, horribles, des blessés qui râlaient, des morts sur lesquels on marchait! J’ai vu des souffrances sans nombre, des hommes, jour et nuit, sous le soleil ou la pluie, dans la neige, guetter l’homme (…) J’ai vu partout la désolation, la ruine.