Il faut peu de temps aux artistes pour commencer à produire des œuvres ayant pour sujet la bataille de Verdun. Dès mars 1916, les premiers voyages sur le terrain ont lieu et les premières illustrations paraissent dans la presse.
François Flameng, peintre du ministère de la Guerre et missionné par le musée de l’Armée, est sur place quelques semaines après le déclenchement de l’offensive. Il dépeint la physionomie de la ville dévastée et se transforme parfois en topographe à l’occasion de vues panoramiques des collines et des forts environnants.
Georges Scott, lui aussi peintre du ministère de la Guerre, choisit de montrer la « barrière humaine » qui se dresse face à l’ennemi en soulignant l’importance des mouvements de troupes et de matériels empruntant la fameuse Voie sacrée.
La noria des camions transportant les troupes combattantes qui « montaient » à Verdun est un sujet apprécié des artistes comme on peut le voir dans cette sélection.
Georges Scott
Ce dessin est paru en mars 1916 dans l’Illustration sous le titre Derrière la ligne de bataille : les convois de T.M. (Transport de Matériel) et T.P. (Transport de Personnel). Cette œuvre fût, par la suite, une de celles les plus reprises pour illustrer Verdun et la Première Guerre mondiale.
François Flameng
La Meuse à Verdun réalisé d’après des croquis pris sur place en juin 1916 présente les habitations détruites par les bombardements sur les berges de la ville.
François Flameng
La hauteur de Douaumont vue du fort de la Chaume est une réalisation panoramique de type documentaire : ces vues étaient précieuses pour renseigner sur la topographie du terrain. Ces deux territoriaux, outils sur l’épaule, ne semblent pas très troublés par les explosions qui ont lieu sur Douaumont. Le peintre a noté désignant, en haut, de gauche à droite le nom des positions : Côte du Poivre, Côte de Froide Terre, Village et Fort de Douaumont et Fleury puis a inscrit plus bas Bras et Belleville. L’œuvre est datée du 18 mars 1916.
François Flameng
En juin 1916, le peintre est dans la citadelle de Verdun. Il représente ici les installations (les « casemates ») des troupes en garnison. Les soldats sont, dans cette scène, au repos : discutant, lisant, passant quelques heures loin de la furie des obus.
François Flameng
Dans la nuit du 25 au 26 mars 1916, des obus incendiaires s’abattent sur Verdun. Cette scène impressionnante présente la cathédrale se détachant devant le brasier, figurant à elle seule la souffrance de la ville martyrisée.
Gaston Balande
Balande s’est engagé au début de la guerre, à 36 ans, comme infirmier. Il a réalisé de nombreux dessins tirés par la suite en gravure comme cette Voie sacrée qui offre un point de vue très original depuis l’intérieur d’un camion.
François Flameng
Les fossés éboulés de la citadelle de Verdun sont représentés ici comme sujet principal de la composition. Cette scène de destruction souligne la vulnérabilité de la petite troupe progressant sur la passerelle.
André Fraye
André Fraye est, en 1916, un jeune peintre mobilisé, à la tête d’une section sanitaire. En automobile, il parcourt les secteurs de Verdun et de la Somme. A Verdun, il dessine le défilé des camions sur la Voie Sacrée qu’il représente dans cette composition. Il semble lui même participer à cette fameuse « noria » en offrant une vue directe sur les camions qui le précèdent. On observe sur la bâche des deux camions des signes de reconnaissance d’unité qui donneront naissance, par la suite, aux insignes militaires.
Georges Conrad
En 1917, Conrad réalise cette scène qui représente le déchargement des camions de la Voie sacrée. Ces opérations faisaient l’objet d’une organisation très précise. En observant la composition du dessin, on peut, d’ailleurs, voir un homme situé au croisement des deux diagonales (formées par la file des soldats et la file du convoi) qui donnent des indications aux hommes qui descendent des camions. Le premier véhicule porte un insigne – un as de coeur – à des fins de reconnaissance.
André Devambez
Sans aucune fioriture, Devambez, réalise ce Verdun en représentant des brancardiers qui transportent un blessé ou, peut-être un mort – ce qu’évoquerait le bras ballant. La composition présente un ciel crépusculaire qui occupe les deux tiers du tableau. Le sol est défoncé, on y distingue des entonnoirs. Tout évoque un instant suspendu après une journée de combat avant que la fureur de la guerre ne reprenne.
François Flameng
Cette vue prise du fort de la Chaume montre à l’horizon le Fort de Belleville, celui de Souville, de St-Michel et plus proche la Meuse, Belleville, le Faubourg Pavé et la Cathédrale. Elle est datée du 17 mars 1916. A noter que le peintre met en scène dans sa composition un photographe de la Section photographique des armées nouvellement créée.
Georges Scott
L’artiste a dessiné, d’après nature, ce déplacement nocturne de troupe sur les routes de Verdun pendant la bataille. La file des combattants est éclairée par les phares de l’automobile qui apparait dans le cadre. Un soldat encore dans la pénombre tourne la tête et semble adresser un sourire. Le dessin est paru en presse en avril 1916.
Georges Scott
Ce dessin montre le travail harassant des territoriaux pour maintenir en état la chaussée de la Voie sacrée. Il est paru en avril 1916 avec la légende : « Le passage des convois n’interrompt pas la réfection incessante de la chaussée : à peine un caillou est-il châssé par la roue d’un camion que le trou est déjà comblé par les infatiguables soldats-cantonniers placés tous les trois mètres ».