Mont-Saint-Eloi, Artois, juin 1915
Accroché au mur, c’est une sorte de médaillon, où, gravées dans le bois et grossièrement enluminées, les tours en ruines de l’abbaye du Mont Saint-Eloi, que je me rappelle si émouvantes et si blanches quand le ciel était bleu, érigent leur silhouette hautaine parmi des éclatements d’obus; et, avec un cynisme très empreint de sentimentalité, l’auteur inconnu a ajouté cette légende : « Souvenir de la Grande Guerre. Bombardement par clair de lune. – Devant Neuville-Saint-Vaast, juin 1915. » Je décroche l’oeuvre d’art, qui fut faite peut-être à quelques mètres de ce chemin creux de Neuville, de ce charnier où nous avons passé trop de nuits empoisonnées.