Artois, 18 décembre 1915
À la nuit, la relève s’est faite sans encombre sous la pluie. Pendant la traversée de Souchez, quelques obus. On a envie de dire : Pouce! ce n’est plus du jeu (…) Le clair de lune éclaire étrangement l’extraordinaire cortège de ces hommes bizarrement harnachés qui sortent de l’enfer : exténués, brisés de fatigue et d’émotion, voûtés, les jambes à demi pliées, les poilus avancent lentement; peu ont la force de parler, beaucoup sommeillent en marchant.