Heures de nuit dans la tranchée
Dans ces trous que l’on appelait les tranchées, avec leurs systèmes de sapes, de boyaux, aux caillebotis pleins d’eau et d’excréments, on manquait pratiquement de tout. J’appris vite… à suspendre le pain à un fil de fer placé au milieu de la cagna pour le mettre hors d’atteinte des rats, à dormir avec des godasses trempées, car tenter de les remettre après les avoir enlevées eût été illusoire, à dormir roulé dans une capote mouillée, dormir quatre heures au milieu du vacarme, des bruits humains, des odeurs pestilentielles, mais dormir.