Le retour du feu, Verdun 1916
Tous marchaient ou plutôt avançaient à petits pas, les genoux en avant, ployés sur eux-mêmes … Ils ne disaient rien, ne geignaient plus. Ils avaient perdu jusqu’à la force de se plaindre. On voyait dans les regards un abîme inouï de douleur quand ces forçats de la guerre levaient la tête vers les toits du village. Et dans ce mouvement, leurs traits paraissaient figés dans la poussière et tendus par la souffrance … Des territoriaux, qui regardaient à côté de moi, restaient pensifs. Deux d’entre eux pleuraient en silence comme des femmes.