Cabinet des dessins, les prisonniers

Sur cette page, nous présentons une série de portraits de prisonniers de guerre réalisés par plusieurs artistes allemands. Ces dessins ont fait l’objet de publications en cartes postales pendant le conflit.

Les dessins sont souvent datés de 1914 : de nombreux prisonniers furent contraints à vivre dans des camps que les allemands construisirent au fur à mesure de besoins croissants lorsque la guerre était encore une guerre de mouvement et que l’Allemagne combattant sur plusieurs fronts devait faire face à un afflux important de soldats capturés.

Il faut imaginer, plus de cent ans après, cette situation surprenante : utiliser comme support de courrier des portraits d’ennemis sans éléments de propagande, de mépris pour les races différentes ou de clichés haineux sur les populations. Au contraire, regardez comment le peintre Ernst Günkel (1876 – 1925) représente les soldats coloniaux français, la façon dont l’inquiétude, l’insouciance ou la gravité ressortent de ces expressions. Les sourires apparaissent parfois. Le respect de l’artiste pour ses modèles va jusqu’à identifier l’arme, voire le régiment de chacun. Le nom du camp est parfois noté.

Certaines cartes comportent l’indication « Zum belten des Roten Kreuzes » (Pour soutenir la Croix Rouge) et d’autres « Kriegs Erinnerungs Karte » (Carte commémorative de guerre »). Les exemplaires en notre possession qui ont circulé, ont été écrits et envoyés en Bavière et en Basse-Saxe.

Günkel est l’artiste qui semble avoir été le plus prolifique. Une première série en noir et blanc est riche d’une vingtaine de pièces, peut-être davantage. Il s’agit de dessins réalisés au fusain. Une autre série, en couleur, présente essentiellement des portraits à l’aquarelle de soldats coloniaux français. Vous pourrez observer que d’une série à l’autre, certains modèles réapparaissent.

Les modèles d’Albert Bitterlich (1871-1960) sont réalisés à l’aquarelle et présente, semble-t-il, toujours des soldats en pied. Parmi eux, les combattant français du début de la guerre sont facilement reconnaissables avec leur fameux pantalons couleur garance. Mais nous aimons aussi ce soldat russe d’origine tartare assis dans l’herbe, le regard au loin.

Les portraits très rapprochés du Dr Max Rabes (1868-1944) sont, eux, assez saisissants. Il s’agit de peintures. Nous avons identifié seulement trois portraits reproduits ayant circulé sur carte postale. Deux portraits de profil (dont un soldat sénégalais dont l’artiste semble avoir capturé l’état psychologique révélé par un mélange d’étonnement et de peur) et un portrait de trois quart d’un soldat russe aux yeux rieurs.

Les ajouts sur cette page sont réguliers.