Cette page présente un essai d’inventaire de ressources en ligne qui proposent des reproductions numériques de dessins, peintures et estampes datant et traitant de la Première Guerre mondiale. La première version de cet inventaire a été proposée en 2017. Une veille est effectuée depuis, pour débusquer et corriger les liens cassés et pour identifier les disparitions de pages ou de sites et effectuer les modifications idoines. Une liste des sites disparus est proposée, pour information, en dernière partie. La présentation de chaque site est accompagnée d’une sélection de dessins. Pour chacun d’eux, lorsque cela est possible, nous proposons un lien direct vers l’œuvre concernée.
La généralisation de la numérisation des fonds de collections et d’archives a vu de nombreux établissements créer leur propre bibliothèque numérique en ligne. Parfois, le contenu de certaines de ces bibliothèques est intégré dans d’autres ressources mieux implantées ou plus populaires sur internet à l’occasion de partenariat ou d’affiliation. Ces liens dessinent une cartographie de fonds numériques parfois difficile à appréhender. Nous espérons que cet inventaire aidera à identifier sites et documents et qu’il incitera à découvrir des artistes sortis, parfois, à l’occasion de la numérisation de leurs œuvres, d’une ombre centenaire. Nous avons dressé cette liste de sites et de documents en appliquant les mêmes critères de choix que ceux qui nous ont guidés pour constituer le portfolio principal de La Grande Guerre en dessins : « artistes combattants » ou artistes contemporains du conflit (qu’ils soient missionnés sur le front ou en activité à l’arrière) et œuvres présentant un intérêt artistique et documentaire sans préoccupation de représentativité des courants de l’époque.
Par documentaire, nous entendons une œuvre qui tente d’apporter une vérité sur la vie du poilu qu’il s’agisse de son environnement au front, du temps du repos, de l’épreuve du feu, de la confrontation avec la mort, de ses rapport avec ses camarades etc.
Par artistique, nous entendons des créations originales dues à des peintres ou illustrateurs et, plus rarement aussi, à des artistes amateurs qui traduisent une sensibilité et une vision propre.
En conséquence, nous n’avons pas accordé de place au dessin satirique ou patriotique, aux caricatures, à la bande dessinée, au dessin publicitaire, à la carte postale illustrée ou aux affiches ce qui ne signifie pas, bien sur, que ces types de documents manquent d’intérêt ou de valeur historique.
C’est un choix assumé qui se traduit par l’absence de références aux nombreux titres de presse souvent présents dans les collections des bibliothèques numériques ou des sites d’archives.
Seuls les sites en français ont été considérés à cette date. Les sources citées ici sont, à priori, pérennes : le risque de disparition est faible pour les bibliothèques numériques institutionnelles ou les archives publiques à l’exception, peut-être, de pages thématiques temporaires ou d’expositions virtuelles dont les durées sont annoncées limitées mais que nous ne privilégions pas. Le risque est plus élevé pour les sites de particuliers ou d’associations mais nous tenons à les inclure ici. En revanche, le risque de liens cassés est, au vu des réorganisations et refontes importantes qui ont eu lieu ces dernières années, assez significatif dans le monde des sites institutionnels. La date de dernière modification affichée ci après indique si nos derniers contrôles ont été effectués récemment ou non.
Cet inventaire n’a aucune prétention à l’exhaustivité, la tâche serait bien trop ambitieuse et, on le devine, impossible dans un environnement aussi pléthorique et mouvant qu’Internet. Nous vous souhaitons de belles découvertes.

Alphonse Robine - Verdun - La relève_edit
La relève, Alphonse Robine, source Europeana, coll. 14-18
steinlen_convalescent_vsite
Les convalescents, Stenlein, source Gallica BnF

| Dernière modification le 17/11/2024

Argonnaute — La contemporaine BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE1
Europeana BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Gallica — BnF BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE / PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES / EXPOSITIONS VIRTUELLES
Agence photo de la RMN BIBLIOTHÉQUE NUMÈRIQUE / EXPOSITIONS VIRTUELLES & Images d’art BANQUE D’IMAGES
Joconde CATALOGUE NUMÉRIQUE & POP PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES
Collections — ministère de la Culture et de la Communication PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES / MOTEUR DE RECHERCHE
Musées de Reims BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Histoire-image.org EXPOSITION VIRTUELLE
Bibliothèque numérique de Roubaix BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Bibliothèque numérique de l’INHA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Sem, caricaturiste SITE BIOGRAPHIQUE
Julien Le Blant SITE BIOGRAPHIQUE
Renefer.org SITE BIOGRAPHIQUE
Max Gehlsen SITE BIOGRAPHIQUE
Albert Copieux EXPOSITION VIRTUELLE
Gus Bofa SITE BIOGRAPHIQUE
akg-images BANQUE D’IMAGES
Mission centenaire EXPOSITIONS VIRTUELLES
La grande collecte EXPOSITION VIRTUELLE
Images de 14-18 BANQUE D’IMAGES
La collection Diors EXPOSITION VIRTUELLE
La couleur des larmes EXPOSITION VIRTUELLE
André Romand SITE BIOGRAPHIQUE
(I) Sites institutionnels
Argonnaute La contemporaine BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE1

Portrait de poilu, Henry Caro-Delvaille, source La contemporaine

Poilu assis, Charles de Tholey, source La contemporaine

Les larmes de sang, Adrien Barrère, source La contemporaine

La contemporaine (Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains), ancienne BDIC, qui détient, en France, les fonds les plus importants en dessins, estampes, peintures et photographies sur la Première Guerre mondiale met à disposition sur son site internet une bibliothèque numérique nommée l’Argonnaute qui contient aujourd’hui environ 200 000 documents. On y trouve un fonds photographique important mais les dessins, peintures, estampes et affiches sont aussi bien représentés. La contemporaine annonçait environ deux mille dessins numérisés en 2022 dans une version précédente de sa page de présentation de sa bibliothèque. Les versions consultables sur le site sont, en général, de qualité (mais parfois de petite taille). On peut avoir un aperçu de la richesse du fonds de La contemporaine avec la cinquantaine de dessins proposés en album dans le cadre du dossier thématique « le quotidien sur le front de l’Ouest ». De nombreux dessins présentés dans cette sélection sont, en fait, absents de la base l’Argonnaute (Jean Lefort, Dunoyer de Segonzac, André Fraye…). La raison en est le respect des règles attachées à la publication d’œuvres encore protégées par des droits d’auteur. On peut noter qu’une campagne de suppression d’images préalablement numérisées a été entreprise par La contemporaine en 2022 de façon à ne pas proposer de reproduction numérique de dessins potentiellement concernés par ces droits (ce qui a dû faire baisser de façon significative le chiffre de deux mille dessins annoncé). En conséquence nous avons supprimé les notices et les liens qui envoyaient vers ces œuvres. Cela nous prive du plaisir, notamment, d’admirer l’ensemble de dessins d’Henry Camus, reçu en donation en 2008, dont nous avons, à de nombreuses reprises sur le site ou ailleurs, souligné la qualité. Ces œuvres peuvent être consultées sur place à Nanterre. La contemporaine détient 30 000 dessins et peintures toutes périodes confondues. Un compte sur Flickr permet également de consulter environ trois cents documents dont quelques dessins.

NE MANQUEZ PAS

Adrien Barrère a publié en 1919 son Album des poilus dont la centaine de dessins est une sélection de tous ses croquis réalisés pendant la guerre au fur à mesure de ses pérégrinations sur de nombreux fronts : Nord, Belgique, Aisne, Chemin des Dames, Champagne etc. Ce grand affichiste, non combattant, a réalisé ses dessins au crayon dans un style qu’on pourrait apparenter à posteriori à la fameuse « ligne claire » de la bande dessinée. Les dessins sont regroupés dans trois volumes (tome 1, tome 2 et tome 3 : 63, 60 et 46 pages). Chaque page présentant six ou sept dessins, on a donc là un ensemble de plus de mille dessins tous assez aboutis. Il n’est pas possible ici de citer l’ensemble des dessins qui se détachent du lot par leur intérêt documentaire, historique ou artistique car ils sont trop nombreux. On ne citera que quelques exemples qui nous éloignent de son savoir-faire habituel lié aux portraits. Ces dessins sont le résultat d’un intérêt appuyé de l’artiste pour la médecine (il l’a étudié) qui lui inspire notamment des dessins assez empathiques pour les blessés qu’il observe (« Blessés à la tête et amputé »2, « Olivier infirmier amputé » portant ses médailles, le regard fixant le spectateur, « Les larmes de sang » représentant un blessé aux yeux par éclats de grenade, un « blessé tête, thorax et jambes » au regard pénétrant sur la même page, on peut observer des amputés et un soldat blessé à la face et « L’homme pansement »). Un aspect de la guerre assez dur, une réalité observée par l’artiste qui rend compte là de la souffrance de ces combattants diminués. Un des dessins qui porte toute la brutalité de la guerre est celui de ce « soldat aveugle et les avant-bras coupés » qui peut rappeler le personnage du roman de Dalton Trumbo Johnny s’en va-t-en guerre. Barrère dessine aussi les installations, les baraquements, le matériel parfois dans une veine documentaire (« L’autoclave ») et rend hommage aux médecins et à leurs auxiliaires (« Transfusion de sang », « Infirmières aux soins », plusieurs « Interventions dans les baraques », « Plâtrage d’une jambe »). Certains dessins donnent à voir un personnel médical littéralement agglutiné autour du pauvre blessé. Enfin, on peut noter la présence de dessins représentant des hommes « confus et maniaques » et des « gueules cassées ».

Les trois volumes de « Ma Grande Guerre » de Gaston Lavy : manuscrits, décorés (enluminés devrait-on dire), ils sont uniques en leur genre. Ce soldat de l’armée territoriale a passé de nombreuses années à remettre en ordre ses souvenirs et à dessiner sur la quasi-totalité des pages des petites scènes aquarellées et, également, des bandeaux, culs de lampes, vignettes… qui viennent orner son témoignage. « Ma Grande Guerre » a fait l’objet d’une publication préfacée par Stéphane Audoin-Rousseau et édité par Larousse en 2004.

De nombreux portraits de poilus méritent qu’on s’y attarde : ce poilu au visage marmoréen signé Henry Caro-Delvaille et le « portrait d’un soldat sénégalais en Alsace » de Louis Charlot, « le poilu assis » de Charles de Tholey entre autres.

Avant une attaque d’André Devambez où l’on retrouve le goût de l’artiste pour les points de vue plongeants sur des scènes où une multitude de personnages intervient. Ici, la composition est impressionnante car elle mêle la tension dramatique liée au départ d’attaque qui s’annonce imminent et le malaise ressenti devant ces corps entassés dans des boyaux trop étroits.

Les études d’artilleurs en plein effort transportant des obus d’Ernest Louis Lessieux (dessin no 1, no 2 et no 3). Le même artiste offre une vue saisissante de corps disloqués au Bois-le-Prêtre en 1915 et de victimes des gaz un artiste qui fait donc exception à la thèse de la mort absente des représentations graphiques de la Grande Guerre.

Et pour terminer sur une note plus légère, ce petit chien dessiné pour le Bulletin des Armées en bien mauvaise posture suite, sans doute, à une blague d’un poilu.

Europeana BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE / PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES / EXPOSITIONS VIRTUELLES

Soldats, Guillaume E. Pellus, source Europeana, coll. 1914-1918

Le soldat, Alphonse Robine, source Europeana, coll. 1914-1918

Europeana est la bibliothèque numérique voulue par la Commission européenne afin de proposer, dans le cadre d’un projet ambitieux, une mise en ligne de l’héritage culturel du continent à des fins d’éducation, de recherche ou pour le simple plaisir d’un public curieux… Elle comprend aujourd’hui plus de cinquante millions de titres provenant d’institutions culturelles principalement européennes (musées, archives, bibliothèques, universités, instituts…). Des campagnes de numérisation thématiques ont alimenté le site au fil des ans. Plusieurs projets importants concernant la Première Guerre mondiale ont permis la constitution d’un fonds numérique en provenance des institutions patrimoniales mais aussi des particuliers qui, de façon collaborative, peuvent déposer des documents tels des lettres, dessins, photos et raconter l’histoire liée à ces éléments. Le point de départ d’une exploration de notre thème est la page de présentation de la collection « 1914-1918 ». Pour limiter les résultats à l’art graphique, nous vous conseillons d’accéder à la recherche avancée et  de préciser simplement les valeurs « Quoi » et « Contient »  dans les zones « Champ » et « Modificateur » mais surtout taper « dessin » dans la dernière zone libellée « Terme(s) de recherche ». Le lancement de la requête nous ramène 1 095 éléments à examiner. Par ailleurs, Europeana détient un compte Pinterest où figure un « tableau » intitulé WW1 and Trench Life qui comprend exclusivement des dessins et illustrations dont certaines sont proposées ci-dessous. Il faut noter que les images affichées sont généralement de très belle qualité.

NE MANQUEZ PAS

Les dessins réalistes d’Henri Antoine, un jeune peintre nancéien à la guerre. D’abord fantassin puis artilleur, il a dessiné ses camarades tués ou blessés : « vers l’oubli » (n°2), « après le barrage » (n°8), « le blessé » (n°19), des sujets rarement traités, très peu montrés et limités souvent au cercle des intimes.

Ce soldat priant dans l’église effondrée de Vermelles en Artois par Paul Sarrut en 1916 (cliquer sur l’image 1, accepter l’ouverture du pdf, découvrir le dessin en page 2).

Le portrait ensoleillé du caporal Rousset par Lucien Ott sur le front d’Yser qui ouvre une série de scènes et de portraits de poilus.

Le carnet de dessin de Guillaume Ernest Pellus qui comprend de formidables portraits de camarades de l’auteur ; certainement parmi les dessins de poilus les plus justes et émouvants qui puissent se trouver sur Internet (cet ensemble provient des archives départementales de la Meuse).

La dizaine d’aquarelles d’Alphonse Robine proposées en haute définition qui permet d’admirer le travail minutieux de ce soldat présent sur le front entre 1915 et 1917. La reconstitution est particulièrement admirable dans « Abri en 1ère ligne, déc. 1915 » (p. 3) et « Les cuisines, Tahure, janv. 1916 » (p. 7). Ces œuvres créées à partir de dessins réalisés sur le front comptent aussi parmi elles des motifs qui montrent la brutalité de la guerre comme dans ce « Verdun, nuit du 2 juillet 1916, Ravin de la Mort » (p. 12). Les hommes à peine discernables dans la terre retournée y semblent abasourdis par la fatigue et l’expérience vécue. Robine a noté sur le carton sur lequel l’aquarelle est collée l’extrait d’un psaume : « Le bruissement de la mort m’avait environné ». Le souvenir du sacrifice des camarades est traité dans l’image frappante d’un soldat à l’état de squelette et dans ce nombre funèbre « 1 500 000 morts » (p. 11) accompagnés d’un extrait de poème de Sylvain Royé. Robine, dans la même veine, a dessiné une des représentations de poilu les plus misérables que l’on puisse voir (« Les fantassins de la relève », p. 15) .

Les aquarelles de Fernand Corre qu’il réalisa durant son séjour sur le front Ouest et en Orient. Trois carnets contiennent une quarantaine de pages, le dernier une vingtaine. Les aquarelles sont de facture un peu naïve et les combattants y sont assez peu représentés. Les vues sont souvent éloignées. Quoiqu’il en soit, le regard de Corre sur son environnement immédiat et sur ses habitants révèle une attention toute particulière prouvant son sens du détail et sa curiosité [l’accès à chaque carnet se fait en choisissant un des cinq documents sur la page indiquée en lien au début de cette notice ; les images sont présentées dans des fichiers pdf qui s’afficheront dans votre navigateur. Les fichiers peuvent être téléchargés.].

→ Le carnet I (document 2/5) est constitué de dessins de tailles diverses mélangeant des scènes dessinées à Berry-au-Bac (Aisne) et sur le front d’Orient. Les techniques sont également diverses : simples dessins au crayon à mine parfois rehaussés de crayons de couleur pour les premières vignettes (p. 1-13) puis dessins plus aboutis et aquarellés pour les scènes suivantes (Berry-au-Bac, p. 14-19 puis l’Orient, p. 20-40).

→ Le carnet II (document 3/5) présente des dessins réalisés à la plume et peints à l’aquarelle. Il s’agit des paysages aux alentours de Salonique et de la population locale. Quelques dessins rares présentent le cantonnement des poilus et quelques camarades.

→ Le carnet III (document 4/5) est constitué d’aquarelles réalisées en 1915 et 1916. Elles représentent des scènes de repos et les paysages aux alentours de Bouffignereux, Guyencourt et la vallée de l’Aisne (p. 3-20) puis, comme pour les carnets précédents, on y trouve des paysages et des études de type d’habitants du front oriental – plus précisément la région du Vardar (p. 21-43) et le camp retranché de Salonique et sa région (p. 31-39).

→ Le carnet IV (document 5/5) comprend moins de pages mais les dessins aquarellés sont plus petits (p. 1-18). Ils concernent le front oriental (p.1-19) puis l’Aisne et la Marne où était positionné le 148e RI.

Le Bois des Corbeaux et le Mort-Homme (Verdun, 1916) par Paul Mansart.

Le beau croquis d’un soldat pensif par Louis-Georges Lecamus provenant des collections des archives départementales de la Charente-Maritime. Il fait partie d’une série de croquis issus d’un carnet à dessins.

Gallica — BnF BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE / PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES / EXPOSITIONS VIRTUELLES

Le guetteur, croquis de Georges Bruyer issu de la revue L'art et les artistes, source Gallica - BnF

L'aide aux blessé, estampe de Steinlen, source Gallica - BnF

Le front, dessin de Marcel Louzier, source Gallica - BnF

Tommies, dessin de Henri Bing, source Gallica - BnF

 

« Plusieurs millions de documents à portée de main », voilà qui donne une idée de la dimension de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France qui recense presque 1,5 million d’images (sur huit millions de documents en ligne). Gallica permet, notamment, d’accéder à un nombre considérable de revues, illustrés et journaux d’époque. Le site propose, via ses entrées « Collections » puis « Histoire », un menu dédié à la Grande Guerre. De là, on peut alors choisir, entre autres, d’explorer les journaux de tranchée, les revues illustrées ou de rechercher des images. Les fonds propres à la BnF sont enrichis dans Gallica de collections en provenance de bibliothèques partenaires. Si ces partenaires disposent, également, d’une bibliothèque numérique, Gallica gère le lien vers ces dernières en jouant ainsi son rôle de « portail ». Les documents concernés sont, alors, consultables directement chez le partenaire. Dans le cas contraire, les documents sont intégrés dans Gallica avec une indication claire de la source. Sur les sujets liés à la Grande Guerre, les partenaires de la BnF sont, notamment, le Service historique de la Défense (ShD) et La contemporaine (il y a donc des recoupements avec la base l’Argonnaute).
Le moteur de recherche est puissant et facile à utiliser. Les résultats obtenus peuvent être affinés en appliquant un ou plusieurs mot(s) clé(s) libre(s) ou en filtrant suivant les champs « site d’origine », « type de document », « auteur » etc. Une fois le document à consulter choisi, les modes d’affichages des pages sont multiples et il est possible de demander un téléchargement de plusieurs pages au format « pdf » ou une page particulière dans le format « jpeg ».
La BnF dispose aussi d’un site dédié à ses expositions. Parmi celles-ci, on se souvient d‘Été 14 qui s’est déroulée en 2014. Une série d’albums présente des versions numériques des documents exposés qui comprenaient notamment des dessins et illustrations.
Une des méthodes permettant d’explorer la richesse de Gallica est de naviguer dans les ensembles de documents constitués par la BnF elle-même. Ainsi, pour notre recherche de dessins de guerre, plutôt que de lancer de multiples requêtes qui ne nous donnent pas satisfaction, nous rentrons les codes d’ensembles documentaires que nous avons repérés sur certains documents : GG14181, GG14182 etc. et nous limitons la recherche au type de documents « images ». Le nombre de résultats est important mais la sélection obtenue est de qualité. Par ailleurs, on peut utiliser les thèmes prédéfinis sur le site à partir de la page consacrée à la Première Guerre mondiale ou en utilisant l’onglet « Par thématiques ».

NE MANQUEZ PAS

Le numéro spécial de la revue L’art et les artistes « Au front 1914-1915 » riche de dessins et croquis d’artistes sur le front (Georges Bruyer, Jean-Louis Lefort, Charles Hoffbauer…).

« La guerre par Steinlen », un numéro spécial de la même revue L’art et les artistes, qui permet, grâce au texte de Camille Mauclair et aux reproductions des œuvres du maître, de comprendre combien cet artiste était sensible aux malheurs des gens simples : les réfugiés, les malheureux obligés à l’exode qu’ils soient vieux ou jeunes, les poilus convalescents, blessés… De son trait nerveux, il compose des dessins qui nous rendent aujourd’hui encore tout le tragique de la guerre. Si l’on souhaite voir de plus près les œuvres de guerre de Steinlen, on peut accéder à ses estampes numérisées et réunies sur Gallica depuis plusieurs sources (entrée « Steinlen » comme rubrique du thème « La guerre en image », à partir de la p. 13/19).

Les nombreux dessins présentés dans La Grande Guerre par les artistes édité chez Berger-Levrault et Georges Crès. Bernard Naudin, Charles Fouqueray, Benito, Raemaekers, Steinlen, ils sont nombreux dont les dessins sont regroupés ici pour dresser un monument à la gloire et à la mémoire de ceux qui combattent pour tous. Notre regard contemporain s’arrête moins sur les œuvres patriotiques ou anti-allemandes que sur le sourire provoqué par « dans les tranchées » de Valloton ou les dessins sobres d’Hermann-Paul comme « le convoi », « le territorial » ou « le retour des aviateurs ». On aime aussi le beau geste de « la cigarette » de Job, le « C’est la guerre » de Carlègle, « l’estafette » de Georges Bruyer, le « conducteur » croquis de Bernard Naudin ou les pauvres gens de « l’exode » de Steinlen.

Les (18) numéros de la revue Le front, exclusivement illustré et rédigé par les poilus de l’avant revendiquant la participation de dessinateurs et de rédacteurs combattants. Il s’agit de parutions reprenant des dessins et articles de journaux des tranchées en visant un public plus large. On y croise des dessinateurs comme Marcel Jeanjean, Géo…

Les Dessins faits aux armées par André Mare, tirage de vingt six lithographies d’œuvres réalisées par cet artiste qui passa la guerre à la section de camouflage en y appliquant les principes de déstructuration et de représentation géométrique issus du cubisme que l’on trouve dans cette série d’estampes. Proche des anglais qu’il initia au camouflage, l’artiste consacre la dernière partie de ces dessins aux armées britanniques.

Nos chiens sur le front, dessins de P. Malher, texte d’Adolphe Lasnier, 1915 ; ouvrage qui présente nos (pauvres) amis en action.

Les Croquis de guerre : aquarelles & sépias exécutées sur le front de François Flameng; un épais album qui reprend une grande partie des œuvres de l’artiste publiées par la revue l’Illustration. Contrairement à ce que laisse penser une des premières pages du document, le recueil couvre bien toute la production de guerre de Flameng.

Les 25 planches représentant Les soldats de Reni-Mel ; un album regroupant dessins et gravures, de facture classique, signé par un tout jeune artiste présent au front de 1915 à 1918. A côté des représentations courantes de ruines et de types de soldats, l’artiste s’essaye à dessiner la violence des combats : une explosion, une soldat tué en plein élan, un assaut meurtrier. Cette dernière œuvre de 1918, empreinte d’esprit héroïque, donne à voir courageusement la mort côté français – sujet interdit au début de la guerre.

L’album Au camp d’Henry Bing ; ces dessins témoignent de la vie de prisonnier au camp de Holzminden. Il comprend des scènes de corvée, de visite, tout un quotidien ritualisé dans des activités de captivité mais surtout de beaux portraits brossés en quelques traits épais dans un style libre sans surcharge de détails (« Un poilu » , « Tommies » , « Un tirailleur » , « Cosaque » etc.)

Agence photo de la RMN BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE / EXPOSITIONS VIRTUELLES & Images d’art BANQUE D’IMAGES

Le sommeil, M. L. Laurent, source RMN

Les brancardiers, Jean-Georges Cornélius, source RMN

L'aide aux blessé, estampe de Steinlen, source Gallica - BnF

L’agence photo de la Réunion des Musées nationaux et du Grand Palais a pour mission depuis 1946 de valoriser les collections des musées nationaux en assurant la préservation des images photographiques des œuvres d’art conservées. Le fonds en ligne comprend plus d’un million de clichés accompagnés d’une notice scientifique de l’œuvre. Il est possible d’explorer ce fonds en choisissant un des thèmes prédéfinis ou en limitant la recherche à une collection parmi les quatre-vingt musées français affiliés (et une dizaine de musées étrangers). La recherche avancée permet, par ailleurs, d’utiliser mots-clés, auteurs, périodes, techniques etc. Parmi les thèmes prédéfinis, on peut choisir « Histoire mondiale » qui propose une quinzaine de sujets consacrés à la Première Guerre mondiale : « Médecine et chirurgie de guerre », « Monter au feu », « Les américains et la Première Guerre mondiale » etc. Lors des recherches, il est possible d’appliquer ses propres critères comme le nom d’un artiste ou utiliser des mots clés pertinents comme « dessin » « poilu » « tranchées » etc. Les sujets sont illustrés par des photographies d’époque ou par des dessins et gravures. A titre d’exemple, la recherche sur Georges Scott ramène 132 documents et celle sur François Flameng 260 images dont l’essentiel de sa production de guerre conservée au musée de l’Armée. Des filtres tels la technique utilisée ou la localisation de l’œuvre peuvent être appliqués.
La résolution des images est limitée car la vocation de ce site est la vente de photographies en haute résolution aux professionnels. Si l’on est intéressé à titre professionnel ou personnel, il est nécessaire de demander un devis. Celui-ci est déclenché en validant, comme sur un site d’e-commerce lambda, son panier et en ayant pris soin de préciser le projet concerné par le besoin d’images et sa vocation. La liste des utilisations possibles est fournie dans les conditions générales. Pour les particuliers, il existe un usage dit « privé sans divulgation » qui peut permettre de passer commande une fois son compte créé mais qui ne permet pas d’obtenir la résolution maximale.
On peut préférer naviguer sur le site Images d’art dépendant également de RMN et conçu pour une recherche et un affichage simplifiés. Ce dernier site s’adresse au grand public. Il permet le téléchargement en basse résolution des images présentées. Des fonctionnalités comme la constitution d’albums et la mise en favori demandent à ce qu’un compte utilisateur soit créé au préalable. On devine que ce site est en cours d’enrichissement et peut-être d’évolution technique car les navigations opérées sur plusieurs jours à des horaires différents nous ont semblaient lentes et les résultats obtenus sont partiels en comparaison de ceux fournis par le site de l’Agence photo à requête équivalente.

NE MANQUEZ PAS

Le sujet Les tranchées vues par des soldats illustré par 30 dessins provenant du musée de l’Armée, du musée franco-américain du château de Blérancourt et du musée des Beaux-Arts de Rennes. On y trouve, entre autres, des dessins de soldats endormis au Bois-le-Prêtre en 1915 (1, 2) mis en couleur au crayon (anonyme), un dessin d’Eugène Louis Gillot montrant l’entrée d’un poste de secours en Champagne en 1916, « La tranchée » de G. Scott (présent sur La GGED) avec ses poilus exténués et de beaux croquis de Léon Broquet (« Après les gaz », une « corvée de soupe » et des « poilus guettant ») réalisés au fusain.

Médecine et chirurgie de guerre qui mêle photos et dessins; on y trouve les « Brancardiers » de J. G. Cornélius dont la composition et les attitudes des personnages semblent inspirés par certaines peintures religieuses représentant la descente de Croix ou cette scène rare de la visite de la mère d’un soldat blessé de Franck Armington. Mais le dessin le plus fameux est « L’homme blessé » de Jean-Julien Lemordant conservé au musée de Rennes : saisissant regard arraché quelques instants à la souffrance et rictus figé qui nous transforment en témoin du malheur de cet homme.

Ce « canon de marine américain tirant sur les lignes de communication allemande aux environs de Laon » de Joseph-Félix Bouchor, image symbolisant toute la puissance américaine en 1918.

Le célèbre « poilu » de Steinlen au regard si pénétrant.

Joconde CATALOGUE NUMÉRIQUE accessible sur POP la Plate-forme Ouverte du Patrimoine PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES

Sergent Thorpe, Albert Alexander Smith, source Joconde

La route de Souain, Edmond Lesellier, source Joconde

Under the Shells, Jean-Jacques Berne-Bellecourt, source Joconde

La factrice, Drian, source Collections (base Mémoire)

Joconde est le catalogue collectif des collections des musées de France contenant pour chaque œuvre présente une notice d’inventaire détaillée (présentation de ce catalogue ici). Si l’œuvre est dans le domaine public, la notice est souvent accompagnée d’une ou plusieurs image(s). La qualité des images est variable : parfois moyenne, parfois très correcte suivant les sources. Le site propre à Joconde ayant fermé en 2022, les recherches dans la base s’effectuent dorénavant à partir du portail POP qui donne accès à sept autres bases et qui propose un outil très efficace et facile d’utilisation. Les résultats obtenus sont immédiats et dynamiques. Suite à une recherche en “mode simple”, sur une ou plusieurs bases, il est possible d’affiner ses résultats à partir d’une dizaine de critères. Le “mode avancé” est, lui, exclusivement mono base car il offre la possibilité d’utiliser tous les champs existants des notices en tant que critères de recherche (chaque base a sa propre structure de notice). Ce type de recherche s’adresse donc à des utilisateurs plus pointus.

Nous avions apprécié sur l’ancien site un espace « visites guidées », où nous avions le plaisir de trouver une visite consacrée à la Première Guerre mondiale développant neuf thèmes différents permettant de naviguer, chacun, dans un choix d’œuvres.

Mémoire, est une base également accessible à partir de POP. Elle propose un fonds de tirages photographiques appartenant à l’état et concernant surtout des objets et édifices. On y trouve, cependant aussi, de nombreux clichés de dessins mais souvent en noir et blanc et de qualité médiocre. A ce jour pour une recherche efficace sur la base Mémoire en utilisant des associations de mots clés, il est préférable de partir de la base Collections ci-dessous.
 

NE MANQUEZ PAS

Les dessins d’Albert Alexander Smith soldat au 807ème régiment afro-américain des pionniers d’infanterie. Il faisait partie d’une fanfare militaire et a débarqué en France en 1918. Il a dessiné ses collègues musiciens au repos ou dans des scènes de détente dans leurs baraquements mais aussi des prisonniers allemands ou quelques vues extérieures. Ses dessins sont réalisés au crayon graphite et pour certains rehaussés à l’aquarelle. L’ensemble des 65 dessins est conservé au musée du Temps à Besançon. Cette collection est présentée par la ville sur le site Mémoire Vive.

Une façon d’aborder ce que l’art graphique a pu proposer pendant la guerre est de consulter quelques pièces issues de la collection Lemétais conservée au musée des Beaux-Arts de Reims. Notez que ce dernier propose en ligne 1 200 pièces de cette collection dans son musée numérique (voir plus loin) alors qu’ici seules un peu plus de deux cent notices et images sont présentes. Parmi celles-ci, il faut consulter la « route de Souain » d’Edmond Lesellier, belle composition aux teintes hivernales et brumeuses, la série d’eaux-fortes d’Auguste Brouet (28 pièces) qui met en scène avec bienveillance des groupes de poilus dans leurs occupations quotidiennes, la « mise en batterie » d’André Mare à la géométrie cubiste, les dessins au fusain colorés à l’aquarelle de Michel André Samanos représentant les tranchées et ce cheval seul et perdu sur une route sinistre signé Jean-Jacques Berne-Bellecour.

Collections ministère de la Culture et de la Communication PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES / MOTEUR DE RECHERCHE

Collections est le nom du moteur de recherche mis en ligne par le ministère de la Culture et de la Communication sur son site Culture.fr afin d’offrir au public la possibilité d’accéder aux versions numériques de plusieurs millions de documents. Ce patrimoine culturel provient de diverses bases de données affiliées au ministère. Elles concernent des fonds de bibliothèques nationales ou locales, d’archives, de musées etc. Le moteur de recherche procède à une analyse sémantique des termes saisis ce qui permet une facilité d’utilisation appréciable (il n’y a pas de multiples critères à entrer : un seul champ est analysé) et procure un bon niveau de qualité des résultats obtenus. Ainsi notre recherche sur « les dessins de la guerre de 14-18 » (en cochant “uniquement avec images”) nous ramène près de deux mille résultats dont les premières pages (nous ne sommes pas allés jusqu’au bout !) semblent tout à fait correspondre à ce que nous souhaitions. Les possibilités de filtres applicables sur la masse de résultats obtenus sont assez étendues : auteur, localisation, période, source etc. Les sources les plus représentées à l’occasion de cette recherche sont en ordre décroissant sur le nombre de résultats obtenus : Joconde, (voir ci-dessus) puis Mémoire (près de 500 résultats représentés, en grand nombre, par des clichés de la collection Leblanc) ; viennent ensuite des sites dont il est déjà question dans cet inventaire : BnF, RMN-Grand Palais, Histoire par l’image (voir plus loin). Chaque résultat renvoie à sa page d’appartenance dans la base d’origine.

La gloire, Jean Veber, source Mémoire des Hommes

Les G.V.C., Auguste Brouet, source Mémoire des Hommes

Sans titre, Rémi Peignot, source Mémoire des Hommes

Le vieux prisonnier, Denis Claudius, source Mémoire des Hommes

Mémoire des Hommes est un site institutionnel qui s’est donné pour vocation la présentation de documents numérisés appartenant à des fonds d’archives et des collections du ministère de la Défense. Ce site s’est, tout d’abord, fait connaître en proposant en ligne des documents concernant les combattants des conflits du XXe siècle constituant ainsi un grand mémorial virtuel. Depuis 2020, le site propose d’explorer un ensemble important d’estampes publiées pour la plupart durant la Première Guerre mondiale. Ce fonds a fait l’objet d’un de nos articles. Nous reprenons ici les eaux-fortes, pointes sèches, lithographies et autres productions aux techniques mixtes qui nous ont semblé les plus notables. Pour se rendre dans ce fonds il faut naviguer vers Les artistes dans la Grande Guerre disponibles sous l’entrée “Première Guerre mondiale”. Après une présentation de la collection, le bouton Faire une recherche affiche l’ensemble des estampes en mode aléatoire. Trois filtres sont alors disponibles sur liste déroulante : l’artiste, la technique et l’ensemble thématique qui reprend principalement les titres des albums d’estampes. Il faut signaler, par ailleurs, que des œuvres ayant trait à la guerre 14-18 sont également visibles dans “Collections” sous l’entrée du menu intitulée “Musées et collections”. Les numérisations plus anciennes sont de moindre qualité mais on rencontre là une iconographie assez rare notamment en provenance des fonds du musée des services de santé des armées (filtre “établissement affectataire” puis choisir “dessin”, “art graphique” ou “Beaux-arts” dans “Domaine”).

NE MANQUEZ PAS

Les lithographies de Jean Veber. Il a participé en 1914 à l’effort de guerre des dessinateurs et illustrateurs : certains de ses dessins fameux décrivent les atrocités allemandes et l’ignominie de l’invasion. Par la suite, ses sujets évoluent. Dans ses dessins mettant en scène les poilus, le combattant n’est pas un héros. Son travail peut proposer une touche d’humour (« Les marmites ») mais que ce soit « Les hommes de soupe » ou « La cagna » ou encore le très poignant « Mamey, le 22 septembre 1914 », les soldats apparaissent abattus, courbés voire blessés. Son style est très reconnaissable : ses scènes favorisent souvent le mouvement, la rondeur sans aucune surcharge. Ses quelques hachures façonnent un relief discret. Son crayon est léger.

Le travail minutieux d’Auguste Brouet qui compose des eaux-fortes de grande qualité autant d’un point de vue technique que par son style d’inspiration réaliste presque naturaliste sur certaines planches. Il a étudié les maîtres flamands : c’est assez évident pour « Les pêcheurs » où de très nombreux détails amenés par la pointe sèche viennent enrichir son dessin et façonner ainsi un très beau paysage bucolique. Ses soldats ne sont pas des va-t-en-guerre. En mouvement, ils semblent peiner à tirer leurs corps trop lourds ou trop grands (« Les troupiers en marche », « les G.V.C. ») et au repos les voilà affairés à des occupations peu glorieuses (« La corvée de pommes de terre ») ou plongés dans leurs pensées autour d’un feu (« Campement à l’arrière »).

Les rares lithographies de Rémi Peignot tué à 27 ans à Carrency en 1915 comme furent tués aussi ses trois frères issus de cette famille de typographes renommés. Il aime les vues larges de paysages dans lesquelles il place, pour certaines, des hommes en guerre en mouvement (« Sans titre »). Il travaille le clair obscur avec précision (« La Guitoune du QG ») et n’hésite pas devant un point de vue audacieux pour mettre en situation le spectateur (« Le poste d’observation »).

La bibliothèque de l’Institut de France détient plusieurs fonds de documents datant de la période de la guerre 14-18 dont quelques pièces sont présentées sur ce site. Parmi ceux-ci, une collection de vingt neuf aquarelles réalisées par un sous-officier du 1er régiment de génie A. Gayraud dont on sait peu de choses.

Les légendes qui accompagnent les belles reproductions numériques sont reprises de celles figurant de la main de l’artiste au dos des dessins. L’ensemble est assez exceptionnel du fait des thèmes abordés : scènes de combat, représentation de soldats français tués, scènes saisissantes représentant le travail des sapeurs, nettoyage de tranchée etc. Les œuvres ne sont pas datées. On ne sait pas s’il s’agit d’un travail fait à posteriori d’après des souvenirs vécus (on peut se poser la questions surtout pour les scènes de combat et la représentation de la mort) et basé ou non sur des croquis réalisés sur le front.

Bibliothèque numérique de l’INHA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE

Soldats à la gare, Jean-Emile Laboureur, source Bibliothèque de l’INHA

La bibliothèque numérique de l’Institut national d’histoire de l’art propose à la consultation de nombreuses estampes issues de la bibliothèque Doucet. Steinlen y est très représenté puisque l’on trouve ici la soixantaine de lithographies tirées pendant la guerre et regroupées dans deux séries dites “Actualités”. On peut consulter, par exemple, « Rien de changé, c’est la loterie… », « Un vieux de la vieille », les « Évacués de Verdun », « Ah, jeunesse ! », « Le retour de permission », « Entre deux trains », et « Soldats en marche ». Les notices sont très claires et en cliquant sur la vignette, on accède à une visionneuse aux nombreuses fonctionnalités à partir de laquelle on peut télécharger chaque document. La numérisation présente un contraste et une luminosité qui auraient gagné à être mieux réglés d’autant que la définition permet des zooms confortables. On peut aussi consulter les dix-huit lithographies du recueil « Croquis de temps de guerre, I » paru en 1916. Les autres artistes représentés par leurs estampes de guerre sont Jean-Louis Forain, Maximilien Luce, Jean-Émile Laboureur et son recueil « Images de l’arrière », Valloton et son album « C’est la guerre » . Les meilleurs résultats pour nos recherches sont obtenus en recherche avancée en précisant pour le critère “Sujet” les termes “guerre” et “1914-1918”. Les documents obtenus sont des estampes et des recueils d’estampes comme ceux indiqués ci-dessus. A noter que comme la bibliothèque numérique de l’INHA est partenaire de Gallica, son contenu est visible et intégré aux résultats de recherche de l’outil de la BnF.

Ensevelissement, Eduardo BENITO, © Tous droits réservés Photo : © Christian Devleeschauwer, source Musée numérique des musées de Reims

L'appel des morts (version dessinée et gravée ici), Eduardo BENITO, © Tous droits réservés Photo : © Christian Devleeschauwer, source Musée numérique des musées de Reims

Éclatement d'obus, Jean GALTIER-BOISSIÈRE, © Tous droits réservés Photo : © Christian Devleeschauwer, source Musée numérique des musées de Reims

Sentinelle dans le froid, Alphonse GREBEL, © Tous droits réservés Photo : © Christian Devleeschauwer, source Musée numérique des musées de Reims

Le Musée numérique des musées de Reims propose depuis 2020 la consultation en ligne de plus de 18 000 œuvres. Il faut, tout d’abord, évoquer l’interface très plaisante qui est proposée à l’internaute : polices de tailles confortables, présentation qui permet une identification rapide de la hiérarchie des informations, couleurs séduisantes. La lisibilité et le plaisir sont au rendez-vous pour une belle expérience de navigation qui peut même devenir ludique grâce à la très haute définition permettant d’examiner — presque à la loupe — quelques œuvres choisies. Le musée des Beaux-Arts (principalement) conserve un ensemble d’œuvres graphiques produites pendant la Grande Guerre et provenant de la collection Lemétais. Cette collection comporte 2 000 dessins originaux et environ le même nombre d’estampes et images ; quelques œuvres peintes y sont également présentes. 1179 œuvres numérisées provenant de la collection Lemétais sont proposées à la consultation dans le Musée numérique. Sur les cent quarante six artistes que l’on compte dans la collection, quatre-vingt-quinze sont représentés. Une des caractéristiques de cette collection est d’être constituée d’une proportion importante de dessins originaux d’artistes qui ont combattu pendant la guerre. Pour sélectionner de la façon la plus pertinente les œuvres de la collection, il convient de choisir « Ajouter un critère de recherche » et de sélectionner le champ « Collectionneur » qui propose une liste de valeurs dont « Lemétais, Julien ». Une fois les 1 179 notices sélectionnées, il est possible d’appliquer de nombreux filtres dont le nom de l’artiste ou la technique (estampes ou dessins). Un article de notre blog, version étendue de cette notice, propose une visite plus complète de la collection Lemétais.

NE MANQUEZ PAS

 Les compositions à l’encre et au lavis d’Eduardo Benito : Benito a 23 ans en 1914 mais, étant de nationalité espagnole, il n’est pas mobilisé. Même s’il vit loin des combats, le jeune homme se sent concerné par la vie des soldats. En 1917, il réalise  une série de gravures sur bois remarquable aux motifs dramatiques et même poignants intitulée Ecce Homo. Onze compositions de ce recueil sont présentées ici dans des versions dessinées à l’encre et au lavis. La mort est présente ou évoquée dans toute cette série qui reprend des motifs iconographiques chrétiens. C’est là deux soldats qui ensevelissent un camarade : la stature massive de chacun d’eux s’oppose au poids mort du tué dans une scène où l’infinie tristesse de l’un, figé dans une quasi posture de pietà et s’apprêtant à faire glisser le corps, transparaît aussi chez son compagnon qui détourne la tête de ce spectacle. C’est ailleurs un soldat qui se recueille devant un cadavre ; ailleurs encore un sous bois qui cache des croix de bois et où trois poilus s’apprêtent à creuser de nouvelles tombes. Quand la mort n’est pas directement représentée, la finitude de la vie est évoquée : que ce soit par la représentation du début de l’existence dans La mère ou par la figure d’une mater dolorosa qui dans Le conscrit ne semble rien ignorer du destin funèbre de son fils insouciant. Enfin, on peut évoquer L’appel des morts dont le sujet est tout à fait saisissant. La composition y est influencée par les représentations religieuses : construction pyramidale distribuant les personnages autour d’une figure centrale, ascension des deux poilus morts, blessures bien visibles soulignant le martyr enduré.

La série de dessins à la plume de Jean Galtier-Boissière,  Son dessin peut parfois paraître rudimentaire mais ses compositions sont assez fascinantes. Plusieurs scènes semblent se dérouler la nuit ( « Souchez, vue de butte », « Brancardiers » ou « Ravitaillement » ). Son utilisation du lavis d’encre lui permet de créer des atmosphères vaporeuses, sombres voire ténébreuses parfois. Le rendu est ainsi très organique. Il utilise une technique particulière pour représenter les explosions. Comme l’écrit Philippe Dagen dans Le silence des peintres, Galtier réussit des « instantanés » photographiques sans user d’un appareil ( « Éclatement d’obus I », « Éclatement d’obus II » ).

Les dessins de Charles Emmanuel Jodelet qui fut mobilisé dès 1914 et blessé en 1915. Son style proche de certaines illustrations de presse est tout en simplicité. Il compose des scènes parfois assez élaborées ( « Groupe de soldats dans une tranchée » ) et souligne, ce qui n’est pas si fréquent, que les soldats passent du temps à s’ennuyer et discuter ( « Cinq soldats français dans une tranchée » , « Tranchée du Fond de Buval » ). Son dessin le plus marquant représente un soldat âgé enfoui à mi-corps dans une eau boueuse ( « La boue » ).

On peut admirer également le très pittoresque « Poilu à la pipe » de Gustave Pierre, les lithographies d’Alphonse Grebel, dont le poignant « Retour de la cote 125 », qui témoignent de son expérience des tranchées, le « Soldat endormi dans les ruines de l’église de Veho » de Pierre-Louis Chaux ou les œuvres d’Armand Coussens qui a réalisé de nombreuses eaux-fortes en couleurs comme ce soldat de la « Classe 15 rejoignant le front » ou cette « Cour d’hôpital » où l’on devine un jeune combattant blessé visité par sa mère.  Jean-Jules Dufour jeune peintre graveur témoigne dans ses dessins réalistes de sa difficile expérience de prisonnier dans un camp allemand. Certains de ses dessins prennent comme motifs les corvées humiliantes et les souffrances supportées. On peut citer le « supplice du froid » ou « La nouvelle crucifixion ».

Le site des archives départementales du Pas-de-Calais propose des expositions virtuelles en ligne dont certaines développent des thèmes liés à la Grande Guerre. Hormis une exposition des œuvres de Max Gehlsen, soldat allemand présent sur le front occidental et qui fait l’objet d’un site dédié (voir plus bas), les archives du Pas-de-Calais présentent 48 estampes réalisées à partir des dessins de Paul Sarrut consacrés aux troupes britanniques (). Paul Sarrut est connu pour ses portraits de soldats indiens dont certains sont très expressifs (comme ce « lancier détaché auprès du Général Johnson » ou « Mohan Ram » dessinés en 1914). Mais il a, par ailleurs, représenté des scènes de la vie quotidienne de soldats irlandais, écossais ou anglais sur le front. Il faut saluer la qualité des versions numérisées mises en ligne et la présence de commentaire pour chaque dessin (en français et anglais).

Coloniaux, Paul Louis Gourdin, source AD Saône-et-Loire

Les archives départementales de Saône-et-Loire proposent de consulter de nombreux documents numérisés à l’occasion de la Grande Collecte lors de ses premières éditions. Le moteur de recherche permet d’aller directement vers ce qui nous intéresse en entrant « “grande guerre” dessin » dans un champs de recherche libre. Une cinquantaine de résultats nous revient parmi lesquels l’intégralité du carnet de Paul Louis Gourdin, manuscrit décoré de nombreux dessins à la plume, aquarelles et gravures. Ce soldat, qui a fait l’école Estienne de Paris, a noté, à posteriori, ses souvenirs de guerre, en les illustrant de copies d’images vues dans des revues et journaux (on reconnaît des dessins de Lucien Jonas et Jean Droit). Le récit entier comprend 220 pages. On trouve également en ligne l’édition originale de Sous les pots de fleurs de Charles Martin qui, à notre connaissance, n’est présentée numérisée nul part ailleurs. Ce recueil de dessins et de prose manuscrite forme un ensemble très graphique qui offre une vision originale de la guerre.

Histoire-image.org EXPOSITIONS VIRTUELLES

L’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais, le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de la Culture se sont associés pour créer ce site qui permet d’aborder l’Histoire par l’image. Des analyses et décryptages éclairent sur les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles de plusieurs époques dont la Première Guerre mondiale. On accède aux différents thèmes qui couvrent le conflit en choisissant successivement les entrées « Thématiques » puis « Relations internationales » et « Guerres mondiales ». Des dossiers sont, alors, proposés comme celui traitant des « tirailleurs sénagalais dans la guerre 14-18 » basé sur l’analyse d’une image (en l’occurrence une toile de Félix Valloton). Toutes les images sont commentées en trois sections : « contexte historique », « analyse des images » et « interprétation ».
Afin d’accéder aux images traitant du premier conflit mondial, il est possible d’utiliser des mots-clés parmi lesquels « guerre de 14-18 ». Le critère « type d’œuvre » peut être utilisé pour réduire le résultat aux seuls dessins.

NE MANQUEZ PAS

L’album intitulé Représenter les ravages de la guerre qui propose une sélection de peintures et de dessins remarquablement commentés : « Aux Éparges, 1915 » de Georges Leroux, « L’exhumation de Defest à Carency » de Pierre Falké, « Prisonniers de guerre » de Steinlen, « Cadavre dans les barbelés » d’Otto Dix…

L’étude Les bretons dans la guerre de 1914-1918 de Patrick Daum illustrée par un dessin de Camille Godet.

Le commentaire de Laurent Véray sur le « Verdun » de Valloton, œuvre devenue emblématique de la bataille et de toute la Grande Guerre.

Bibliothèque numérique de Roubaix BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE

Le poste de secours, Mathrin Méheut, source bn-r.fr

Reconnaissance, Georges Bruyer, source bn-r.fr

La bibliothèque municipale de Roubaix propose un site internet dédié à la valorisation et à la consultation de ses collections numérisées. La conception du site est particulièrement réussie et c’est un vrai plaisir d’y naviguer. Expositions en ligne, classement par grandes thématiques, recherche facilitée : tout y est ! Même si nos centres d’intérêt nous orientent vers la consultation de documents en art graphique, nous avons apprécié la visite de l’exposition en ligne intitulée La fleur au fusil. Ce mini-site présente un ensemble de menus animés qui permet d’explorer une sélection d’images dont certaines illustrent des aspects de la guerre que seules les régions dévastées puis occupées ont connus (voir l’entrée « Subir la guerre »).
La bibliothèque numérique de Roubaix met à disposition sur son site un patrimoine iconographique important constitué d’affiches, de cartes postales anciennes, de lettres, de photos, de documents liés à la vie administrative et économique etc. Suivre “Collections” puis “Livres et revues” permet de visualiser les albums présentés ci-après et de s’intéresser également à d’autres. Des dessins originaux sont également montrés en sélectionnant tout simplement “dessins” dans la barre de recherche puis la période “1914-1918”.

NE MANQUEZ PAS

L’album Croquis de guerre de Mathurin Méheut paru vers 1918 chez l’imprimeur Delambez et tiré à seulement 300 exemplaires. Il s’agit d’un album de 27 pages pour lequel Léon Marotte a reproduit de nombreux dessins en noir et blanc dans le texte et quelques planches en couleur hors-texte. La préface de Gustave Geffroy insiste sur la place de témoin oculaire qu’a occupé Méheut et sur sa légitimité à recréer par le crayon une forme d’intimité avec les soldats au combat. Quelques lettres illustrées à sa femme sont reproduites en fin de volume. Les dessins de guerre de Méheut ont connu, durant le conflit, une certaine notoriété, suite à la parution dans l’hebdomadaire L’Illustration, en août 1916, d’un article intitulé « Un artiste combattant ». Ces huit pages contenaient un texte d’Armand Dayot illustré de croquis et d’ébauches en noir et blanc mais aussi de dessins en couleurs reproduits en grand format. Il y a peu de dessins communs entre cet article de L’Illustration et l’album dont il est question ici, objet plus rare. Ces vingt sept pages méritent, bien sûr, toutes d’être consultées. « La première exécution » admirable par sa composition et le courage de son sujet est une des œuvres de guerre les plus connues de Mathurin Méheut. On conseille, par ailleurs, l’impressionnante composition du « Poste de secours » dessin au crayon bleu rehaussé d’aquarelle et le point de vue choisi par l’artiste pour la partie de cartes de « Sous les cloches ».

La série des 24 estampes de guerre de Georges Bruyer qui comprend certains dessins parmi les plus connus de l’auteur. Son style accessible au trait précis sans surcharge s’est développé dans la gravure et le dessin à la plume. Certains dessins de cette série sont utilisés fréquemment pour illustrer des couvertures d’ouvrages, des articles de presse et même des objets du commerce (liés au tourisme de mémoire). « Tour du propriétaire », « Le tour des brancardiers » et « Corvée de soupe » sont certainement les plus reproduits. Mais il faut voir aussi « Coûte que coûte » qui met en scène des soldats courbés sous les gaz, « La lettre » qui montre l’utilisation détournée que les poilus pouvaient faire de leur baïonnette ou la composition horizontale et nerveuse de « Aux aguets ». Cette série d’estampes a été tirée à 190 exemplaires. Certains dessins de l’exemplaire présenté comporte de nombreuses tâches et la teinte générale semble tirer vers le rouge ce qui peut être dû soit à l’état du document original, soit à un mauvais réglage lors de la numérisation. Quoiqu’il en soit, il faut saluer la mise en ligne de ce document, bel hommage au talent du dessinateur.

(Ⅱ) Sites monographiques

Retour des tranchées (album de guerre 1, image 16), Sem, source sem-caricaturiste.info

Soldat anglais (image 45 du diaporama), Lucien Jonas, source lucien-jonas.blogspot.fr

Sur les marches (de la gare de l’Est), Julien Le Blant, source leblant.com

Sem, caricaturiste SITE BIOGRAPHIQUE

Ce site consacré à Georges Goursat dit « Sem » est le site officiel voulu par la famille de l’artiste pour mettre en valeur l’héritage si attachant qu’est l’œuvre de ce grand illustrateur. Caricaturiste du Paris mondain d’avant-guerre, Sem réalise pendant le conflit de nombreux dessins de poilus. Ces croquis sont rassemblés en albums qui sont proposés ici en version numérisée (de bonne qualité). Sem écrira aussi des chroniques illustrées de sa guerre sous le titre Un pékin sur le front (lien vers Gallica).

Jean-Paul Fontanon présente sur son site des œuvres de Lucien Jonas qui semblent assez singulières si on les rapproche des dessins très diffusés que celui-ci a produit pour la presse. On peut observer ici des portraits au fusain qui ont été réalisés avec un grand souci d’authenticité et de détails. On y voit aussi des compositions originales comme ce cavalier anglais dans un moment de complicité avec son cheval. Dans tous les cas, ce qui séduit c’est la maîtrise de la technique et, surtout, l’art de rendre vivant ces sujets et ces hommes de toutes origines. Jean-Paul Fontanon a entrepris, par ailleurs, un travail de publication des œuvres au fusain de l’artiste. Le site propose une navigation parmi 73 dessins qui peuvent être affichés dans un diaporama accessible en cliquant sur n’importe quel dessin de la page d’accueil. Une fois dans ce diaporama, ne manquez pas ce « cuirassier dans la tranchée (10/73) », ce « soldat noir rieur (14/73) », « Lenga » à l’immobilisme marmoréen (18/73), cette infirmière qu’on imagine dévouée (32/73), ce « soldat anglais et son cheval » (45/73) déjà évoqué, ce « soldat endormi » (49/73), ce « vieux briscard étonné par le menton glabre de ce soldat américain » (50/73) et ce « soldat blessé et amaigri » (71/73).

Julien Le Blant SITE BIOGRAPHIQUE

Ce site présenté par Dominique Formaz, collectionneur des œuvres du peintre, propose de découvrir le travail de Julien Le Blant et notamment, les œuvres ayant pour sujet la Première Guerre mondiale. Il faut souligner l’originalité des sujets traités par le peintre liée à des circonstances toutes simples : Le Blant est trop âgé pour qu’on l’autorise, au début du conflit, à participer à des missions officielles ou pour s’approcher des zones de combat. Il dessine, alors, les soldats où il les voit : à la gare de l’Est à Paris. Le site, dans une nouvelle version très agréable à consulter, propose, sur sa page consacrée à la Grande Guerre, une vidéo, conçue par D. Formaz, qui présente les dessins représentant les poilus de la gare de l’Est. On y apprends les circonstances qui ont mené Le Blant à s’intéresser à ce lieu, la technique utilisée sur le terrain et on peut y voir de nombreuses œuvres. La page, par ailleurs, présente un grand nombre de dessins. Un blog riches d’articles touchant à l’œuvre mais aussi à la vie personnelle de Le Blant est également proposé. On y trouvera notamment un article très intéressant qui établit des comparaisons visuelles en rapprochant des œuvres de Steinlen à celles de Le Blant.

Renefer.org SITE BIOGRAPHIQUE

Le site officiel de la très active association Renefer menée par Gabrielle Thierry relate l’actualité des manifestations et rencontres dédiées à l’œuvre de l’artiste. Le site ne propose pas, à proprement parlé, d’œuvres numérisées à consulter. Le parcours de Renefer pendant la Grande Guerre est présenté sur la page « Dessin et Aquarelle » avec quelques images. D’autres œuvres sont visibles sur la page « Gravure et illustration ».

Max Gehlsen SITE BIOGRAPHIQUE

Voilà le type de site internet que l’on devrait rencontrer plus souvent. Il met en valeur, en abordant plusieurs thématiques, l’œuvre d’un homme dont l’ensemble des aquarelles de guerre a été cédé pour conservation aux Archives Départementales du Pas-de-Calais. Max Gehlsen fût présent sur le front occidental dans le Nord, l’Oise, la Somme, l’Artois et les Flandres. On parcourt la cinquantaine d’aquarelles par année de création, région concernée ou grand thème : « le patrimoine », « la vie des soldats », « loin des combats »

Albert Copieux EXPOSITION VIRTUELLE

Le site du MuMa, musée d’art moderne André Malraux de la ville du Havre, a présenté une exposition consacrée aux dessins de guerre d’Albert Copieux en 2014. Sur le blog du musée, un billet consacré à cette exposition met en avant douze œuvres de l’artiste. Les reproductions numérisées sont de grande taille et de belle qualité. Les dessins sont commentés un à un. Avec Copieux, artiste havrais, on est loin de l’art officiel. Ses dessins témoignent d’une recherche de réalisme rendu par les couleurs (notamment pour suggérer la boue) et par les matériaux choisis (il colle parfois des morceaux de papier). Copieux a produit plus de 1 500 dessins et croquis durant la guerre.

Gus Bofa SITE BIOGRAPHIQUE

Le site consacré à l’illustrateur Gus Bofa, de belle conception, proche du style de l’artiste, comprend plusieurs galeries de dessins où il est possible de voir une partie de son travail sur la Grande Guerre. Les reproductions proposées sont de faible qualité et c’est bien dommage. Ses dessins de poilus réalisés pour les titres de presse Automobilia et L’Horizon apparaissent dans la galerie « dessins de presse » mais c’est surtout son travail pour La Baïonnette qui est le plus représentatif de ce qu’il a produit durant ces années.

Musée de l’armée NOTICE BIOGRAPHIQUE

Sur le blog du Musée de l’armée, on peut trouver un billet consacré à La Grande Guerre de Georges-Victor Hugo, le petit-fils de Victor Hugo.

(Ⅲ) Études, essais, documents
 
Le site du musée de l’Armée propose, en téléchargement libre, deux articles parus dans les Cahiers d’études et de recherches du musée de l’Armée (CERMA) à l’occasion de son numéro 1 (épuisé), en 2000, consacré à Peindre la Grande Guerre. Le premier article signé Frédéric Lacaille, alors conservateur au musée, traite des missions de peintres du musée de l’Armée pendant le conflit ; sujet peu étudié alors. Il comporte une vingtaine de pages dont l’objet est de recenser les peintres missionnés entre 1914 et 1918. Une notice biographique accompagne chaque nom cité. Le second article, rédigé par François Robichon, traite des missions d’artistes aux armées mises en place par le sous-secrétariat d’État des Beaux-Arts en 1917.

Il ne s’agit pas ici à proprement parlé d’une ressource pour consulter des œuvres mais il nous a semblé intéressant de signaler ces documents qui apportent des éléments indispensables à la compréhension de l’organisation des missions des peintres aux armées durant la guerre.

(Ⅳ) Et aussi…
akg-images BANQUE D’IMAGES

Convalescence, José de Andrada, source akg-images

L’agence photographique akg-images, spécialisée dans le monde culturel, propose sur son site une banque d’images en ligne pour les professionnels. Même s’il s’agit d’un site commercial, la consultation des images est en accès libre pour tous les internautes. Toutefois, les images proposées sont filigranées afin d’éviter les réutilisations abusives. On trouve sur ce site un nombre important de dessins concernant la période de la Première Guerre mondiale. Les mots clés prédéfinis associés « Première guerre mondiale (1914-1918) ; Grande Guerre » permettent de ramener de très nombreux résultats qu’il suffit de filtrer ensuite avec les techniques souhaitées apparaissant dans le bandeau sur la gauche (« dessin », « estampe », « art graphique » etc.) On trouve surtout de nombreux dessins de presse. A noter que parmi les images obtenues, un grand nombre sont en provenance de la collection de Jean-Pierre Verney (on peut obtenir l’ensemble des images liées à cette source en tapant directement son nom sur la page d’accueil). Un ensemble, c’est certain, bien intéressant ! Chaque image est accompagnée d’une notice d’information identifiant l’auteur, l’année et la localisation de la scène représentée. On trouve dans la collection Verney de nombreux dessins de Jean Veber, notamment le saisissant « Masny » utilisé par la BnF pour l’affiche de son exposition Eté 14, quelques dessins de Jean-Jacques Berne-Bellecour appartenant aux séries « Dans les lignes anglaises » et « Souvenirs du front », quelques gravures sur bois comme ces « soldats français » de Cosyns jetant des grenades ou le beau « Convalescence » de José de Andrada.

(V) Sites portés disparus depuis 2017…

Les liens vers ces sites sont préservés pour information mais sont donc inopérants.

Mission centenaire EXPOSITIONS VIRTUELLES

Le site de la mission du centenaire de la Grande Guerre n’est plus en ligne depuis juillet 2021. L’intégralité du site a été archivée par la BnF. Cet archivage avait été annoncé dès 2019. L’activité éditoriale du site a consisté durant la période 2014-2019 à mettre en lumière les actions, les projets et les initiatives de tous types se déroulant sur le territoire national. Ce site très riche présentait, par ailleurs, des dossiers donnant accès à des ressources (comme celui intitulé « Peindre la guerre » riche en reproductions d’œuvres). On y trouvait également des « trésors d’archives », ensemble de billets qui présentaient des albums de documents (photographies, cartes, objets, dessins…) constitués à partir d’extraits de collections d’archives départementales ou municipales, de bibliothèques, de fonds privés, d’établissements institutionnels etc.

La Grande Collecte EXPOSITIONS VIRTUELLES

Les éditions 2013 et 2014 de la Grande Collecte, initiative organisée par les Archives de France et la Mission du Centenaire, avaient pour objectif d’inciter les français à déposer aux Archives des documents liés à leurs souvenirs familiaux de la Grande Guerre afin de les numériser. Le site proposait quelques exemples issus des milliers de documents recueillis parmi lesquels on comptait de nombreux dessins et croquis. Tous ces documents sont, heureusement, également disponibles dans Gallica/BnF.

Images de 14-18 BANQUE D’IMAGES

Ce site lancé en 2013 par le Centre Image Lorraine mettait à disposition du public plus de 15 000 documents dont de nombreux clichés en relief élaborés à partir de vues stéréoscopiques. Parmi les documents en ligne, on trouvait de nombreux dessins. Il s’agissait essentiellement de numérisation de pages de journaux et de revues. Ce C.I.L. a cessé ses activités en 2017 suite à des suppressions de subventions.

La collection Diors EXPOSITION VIRTUELLE

Acquise par le conseil départemental de la Meuse en 1989, la collection Diors est composée de dessins, d’affiches, d’estampes et d’objets de tous types (uniformes, assiettes, médailles, insignes…). Mille six cent estampes et plus de trois cents dessins font partie du fonds. L’exposition Que reste-t-il de la Grande Guerre, qui s’est tenue à Verdun jusqu’en 2018, était représentée sur le web par ce site qui présentait vingt-deux dessins et quinze estampes représentatifs de la collection. Ce site a été fermé en 2018.

La couleur des larmes EXPOSITION VIRTUELLE

Ce site, au beau titre inspiré par Otto Dix, fût mis en ligne en 1998 à l’occasion du 80ème anniversaire de l’armistice de 1918. Il s’agissait d’un site institutionnel qui proposait une exposition virtuelle d’œuvres commentées traitant du conflit. Son intérêt principal résidait dans la complétude de son contenu qui permettait d’appréhender la peinture liée au conflit à travers, notamment, les nombreux courants d’avant-garde du début du XXème siècle. Comme sa présentation n’avait pas évolué depuis sa mise en ligne, sa navigation était désuète, sa mise en page datée et ses reproductions de faible qualité. Malgré sa reprise un temps par le Mémorial de Caen, le site est dorénavant fermé.

André Romand SITE BIOGRAPHIQUE

Ce site présentait l’œuvre de ce peintre champenois qui a pu exercer son art pendant les quatre années de guerre. André Romand était âgé de vingt-cinq ans au moment du conflit. Il fut affecté au 288è R.I. Formé aux Beaux-Arts, André Romand a traversé la guerre en réalisant de nombreux dessins, caricatures et aquarelles. Comme d’autres “artistes-combattants », il a dessiné surtout ses camarades, les lieux qu’il a traversés, les populations rencontrées, les positions qu’il occupait. Une page exposant sa biographie permet de prendre connaissance de son parcours. Le site donnait accès à une galerie de près de 180 dessins.

Ce site ne semble plus répondre. La bibliothèque municipale d’Abbeville présentait à cette adresse un outil d’exploration d’un de ses fonds iconographiques relatifs au département de la Somme. Ce fonds « Macqueron » contient de nombreuses gravures et dessins sur la Première Guerre mondiale. Sur une totalité de onze mille documents en ligne, il était possible d’en isoler plus de trois cents en choisissant, parmi une liste très détaillée, le thème « guerre 1914-1918 ». L’outil de recherche très fin permettait de choisir au mieux le type de document iconographique souhaité. En effet, il était possible de lancer une recherche en sélectionnant distinctement « dessin à la plume », « dessin aquarellé », « eau-forte », « estampe » etc. Ce site proposait en ligne de nombreuses compositions de François Flameng. Les images pouvaient être visualisées en haute résolution.

 

Prêt au départ (autoportrait), William Orpen, source Mission Centenaire Le territorial, Léopold Poiré, source Imagesde1418.eu

Soldat prisonnier allemand, Lucien Jonas, source grandeguerremeuse.org Soldat, André Romand, source andre-romand.fr

Argonnaute — La contemporaine BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE1
Europeana BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Gallica — BnF BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE / PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES / EXPOSITIONS VIRTUELLES
Agence photo de la RMN BIBLIOTHÉQUE NUMÈRIQUE / EXPOSITIONS VIRTUELLES & Images d’art BANQUE D’IMAGES
Joconde CATALOGUE NUMÉRIQUE & POP PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES
Collections — ministère de la Culture et de la Communication PORTAIL DE BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES / MOTEUR DE RECHERCHE
Musées de Reims BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Histoire-image.org EXPOSITION VIRTUELLE
Bibliothèque numérique de Roubaix BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Bibliothèque numérique de l’INHA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Sem, caricaturiste SITE BIOGRAPHIQUE
Julien Le Blant SITE BIOGRAPHIQUE
Renefer.org SITE BIOGRAPHIQUE
Max Gehlsen SITE BIOGRAPHIQUE
Albert Copieux EXPOSITION VIRTUELLE
Gus Bofa SITE BIOGRAPHIQUE
akg-images BANQUE D’IMAGES
Mission centenaire EXPOSITIONS VIRTUELLES
La grande collecte EXPOSITION VIRTUELLE
Images de 14-18 BANQUE D’IMAGES
La collection Diors EXPOSITION VIRTUELLE
La couleur des larmes EXPOSITION VIRTUELLE
André Romand SITE BIOGRAPHIQUE
1. Les sites apparaissent avec une des catégories suivantes :
. Bibliothèque numérique : un site internet représentant un établissement détenant un fonds physique qui est numérisé et proposé à la consultation en ligne.
. Portail de bibliothèques numériques : un site internet qui met en commun les ressources proposées par plusieurs bibliothèques numériques offrant, souvent, un accès direct à chacune d’elles pour les consultations détaillées.
. Exposition(s) virtuelle(s) en ligne : un site internet qui présente une collection ou qui illustre une thématique spécifique par un choix d’œuvres.
. Site biographique : un site internet dédié à la vie et à l’œuvre d’un artiste.
. Notice biographique : un site internet qui propose en ligne une page consacrée à l’œuvre d’un artiste.
. Banque d’images : un site internet qui met en ligne, à des fins commerciales ou non, un fonds d’images numériques.
. Catalogue : un site internet qui propose la mise en ligne d’un inventaire de documents ou d’images.
. Documents : un site internet qui met à disposition des téléchargements de documents.

Les catégories ne sont pas exclusives.

2. Les titres des documents que nous conseillons, s’ils sont notés entre guillemets, proviennent :
. soit des notices des sites d’origine,
. soit des inscriptions apparaissant sur les œuvres elle-mêmes.

| Dernière modification le 17/11/2024