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14-18 en mots et en images, éd. Ouest-France

Cet album paru en 2015 rassemble des œuvres de peintres et illustrateurs de la Première Guerre mondiale. Cette sélection est composée à partir des collections du musée de l’Armée et d’un fonds de dessins du peintre combattant Xavier Josso conservé au musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux.

La préface de François Lagrange, d’un lyrisme bienvenu, éclaire le découpage du livre en quatre parties (“Entrer en guerre”, “Le monde des tranchées”, “Les hommes dans la guerre” et “Finir la guerre”) et explique les raisons pour lesquelles les textes choisis sont, pour la plupart, dus à des écrivains célèbres, ayant eux-mêmes connu la guerre.

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[ill. 1] Tranchée de P. 15 en 1ère ligne, G. V. Hugo

Le préfacier souligne que, chez ces écrivains, le souci de rendre compte de la réalité cohabite avec la dimension artistique et qu’il en est de même chez les peintres dont les œuvres sont présentées dans l’ouvrage. Ainsi, écrit-il à ce propos : “Et leur ardente volonté de vérité, leur pertinence dans l’ordre documentaire, n’empêchent pas ces productions, picturales ou littéraires, de relever des arts, dont les Anciens, déjà signalaient le rapport intime et paradoxal à la vérité”.

Les collections du musée de l’Armée sont riches en œuvres réalisées par des artistes qui se sont exprimés dans une veine patriotique ou documentaire dans la grande tradition de l’art pictural militaire. Ce courant, suivi par les peintres officiels du ministère de la Guerre, s’est imposé de façon très prégnante au cours des premiers mois du conflit, notamment dans la presse.

Toutefois, l’art graphique a beaucoup évolué durant la guerre, et même des artistes officiels reconnus ont produit au fil des années des œuvres plus ambitieuses ou plus personnelles. De leurs missions sur le terrain où ils sont confrontés directement aux réalités de la guerre moderne, certains ramènent de nombreux croquis ou dessins utilisés, ensuite en atelier, pour produire des œuvres plus abouties.

Si on apprécie le choix des dessins, des tableaux et des extraits d’œuvres littéraires qui les accompagnent, on peut regretter, toutefois, l’absence de notices qui mettraient en perspective ces différents documents. L’ouvrage semble, avant tout, avoir été composé pour proposer un parcours en mots et images dans une approche visuelle et documentaire en s’adressant à un public assez large. Il nous semble, ainsi, être une bonne ressource pouvant aider à approcher la période dans un cadre scolaire. Les courtes thématiques insérées dans les grands chapitres déjà cités, profitent de la confrontation entre le texte et l’image et couvrent de nombreux aspects de la guerre : la camaraderie, blessures et soins, attendre, l’heure H etc.

On compte environ 180 dessins, estampes ou tableaux – dus à 45 artistes – reproduits dans cette publication. Les artistes les plus représentés sont François Flameng (36 dessins, 5% du corpus), Georges Scott (29 dessins) et Georges-Victor Hugo qui combattit en 1915 en Champagne et en ramena des croquis très justes représentant parfois les soldats en pleine action comme cette Sortie de tranchée pour l’attaque (p. 71) ou ce Départ de l’attaque allemande (p. 34).

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[ill. 2] Attaque à la grenade, Eugène Louis Gillot

Bien sur, on reconnaîtra (ou découvrira, c’est selon) quelques œuvres très souvent choisies pour ce type d’ouvrage et l’on pourra retrouver certains tableaux puissamment évocateurs que l’on a pu admirer lors de l’exposition Vu du Front au musée de l’Armée en 2014 comme cette Attaque à la grenade d’Eugène Louis Gillot (p. 64, ill. 2) ou son Ravitaillement dans les Vosges (p. 49).

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[ill. 3] Le planton des feuillées réservées aux officiers, Jean Virolle

Les auteures ont également choisi quelques dessins plus rares réalisés au crayon à la mine de plomb ou à la plume par Jean Virolle (Le planton des feuillées réservées aux officiers, p. 62, ill. 3) ou Le poste de secours d’Evreux, p. 93), Georges Alouis (Le 92e. Zonnebeke, p. 52) ou Charles Huart (Soldats attendant dans une tranchée, p. 58). Ces œuvres assez sommaires, dépouillées et nerveuses permettent une perception plus âpre voire “organique” de la guerre par rapport aux productions d’atelier si tant est que l’on puisse s’approcher avec l’art de la vérité de la guerre : “L’expérience de la guerre ne peut se communiquer. Elle est charnelle. Faute de l’avoir subie, l’idée que l’on pourra s’en faire en mutilera toujours la pathétique et brûlante vérité” (Maurice Genevoix, La ferveur du souvenir, cité par F. Lagrange dans sa préface).

Le rendu de certaines reproductions nous a semblé un peu sombre (Vermandovillers, F. Flameng, p. 86), de qualité bien moindre que celle des dessins publiés dans le catalogue de l’exposition Vu du front (Somogy, 2014) ou dans Croquis et dessins de Poilus (Somogy, 2002). La mise en page est assez dynamique. Certaines œuvres sont reproduites en pleine page ou en double-page et d’autres sont présentées sur des fonds colorés créant des équilibres visuels où s’insère le texte accompagnant.

L’ouvrage se termine par une notice biographique pour chaque artiste et chaque écrivain cité, une bibliographie indicative et une table détaillée des illustrations.


edith_wharton_cover14-18 en mots et en images, Écrivains et illustrateurs racontent la Grande Guerre, Mathilde Benoistel et Laëtitia Desserrières, préface de François Lagrange, Ed. Ouest-France, 2015

Les illustrations de l’article sont issues de l’ouvrage. Crédit photo © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais [ill. 1], © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais/A.S. Marre-Noël [ill. 2] et © D.R. [ill. 3]

La page du site de l’éditeur où l’ouvrage est présenté peut être consultée ici.

Les deux auteures présentent leur ouvrage sur la chaîne youtube des éditions Ouest-France.

 

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