Le copain

On t’a porté, la nuit, par la marne pouilleuse.
Tes bonshommes pleuraient. Leurs rudes mains pieuses,
Timides, t’effleuraient, comme un petit qui dort;
Leurs genoux cadencés ballottaient ton front mort,
Et ton sang clair coulait le long de nos chaussures.

Ta capote n’avait qu’une croix pour parure,
Les étoiles du ciel regardaient par ses trous !…

Mais nous sommes tombés, pour prier, à genoux,
Quand j’eus pris sur ton cœur les lettres de ta mère,
Et qu’on vous eut mis, toi, puis ta jeunesse, en terre.

Et, fermant pour toujours les clartés de tes yeux,
J’ai simplement, comme auraient fait les pauvres vieux,
Mon héros de vingt ans, baisé ta chair de marbre !

Et j’ai laissé ton âme à l’âme des grands arbres !…

Paul Verlet, De la boue sous le ciel, 1919

GEORGES LEROUX

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LE THÈME DE LA MORT

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